La Sentinelle : pour l’amour du ski

La première édition de La Sentinelle se tenait ce week-end dans le cirque de Gavarnie dans les Pyrénées occitans. Avant d’en avoir de fraîches nouvelles, retour sur un événement de ski de montagne qui fait la part belle à l’aventure.

Bruno Compagnet et Minna Riihimaki ont partagé nombre d’aventures, de longues randonnées, de pentes plus ou moins inclinées, d’igloos et de tentes exiguës par des froids polaires. Au-delà de leur intimité présumée innocente qui a longtemps nourri les discussions désœuvrées des soirées chamoniardes, s’est développée une amitié solide comme une paire de bâtons furtis en poussée verticale. Aujourd’hui, après tant de dénivelés partagés, ils ont créé La Sentinelle, un évènement qui reflète leur amour du ski d’aventure, de la fraternité et des belles courbes sur surface libre.

Le concept de cet évènement à nul autre pareil repose sur cinq principes : parcours sauvage, skis larges, gros dénivelé, pas de classement et grosse bamboula. Soit une conception à l’opposé du ski alpinisme où l’effort est encadré et minuté, où la contemplation de l’espace sauvage est réduite au cadre de la combinaison moulante qui vous précède et où, en guise de bringue, un stand de matériel ultraléger vous attend sur l’aire d’arrivée. “L’idée de La Sentinelle m’est venue après avoir traversé les Alpes de Lyngen en Norvège. J’ai imaginé un événement qui ressemble à la réalité de ce que l’on vit sur ce terrain et qui pourrait donner la possibilité à des skieurs passionnés par la montagne et les belles descentes de partager ça avec nous. C’est l’occasion d’échanger et de se rencontrer au travers de la pratique en montagne, sans oublier un bon repas et une bonne fête…” explique Bruno Compagnet. Pour traduire le concept en réalité, Bruno s’est associé à sa grande amie et compagnon de cordée, Minna Riihimaki. Éloignée des pentes depuis son grave accident de ski survenu au printemps dernier, Minna a mis sa belle énergie au service de ce projet. L’équipe s’est également attachée les services de Layla Jean Kerley pour la direction artistique. La skieuse britannique est à l’origine du nom de l’association backofbeyond encadrant La Sentinelle et, au demeurant, la seule demoiselle à prendre le départ de la première édition.

Si La Sentinelle semble prendre directement pour cible le ski alpinisme, c’est sans doute parce que la montagne est de plus en plus envahie – dans la droite lignée du trail – par des ballerines frénétiques qui n’ont pas eu le temps de lire l’aphorisme de Voltaire : Le monde avec lenteur marche vers la sagesse. Ainsi, avec 100 mm au patin, lesdites ballerines semblent exclues de l’évènement. “C’était surtout pour bien différencier deux pratiques. Nous ne sommes pas fixés sur le temps de montée ou la pure performance sportive qui implique un matériel ultraléger… Ce qui nous plaît, c’est de skier à la descente sur tous les terrains et sur tous types de neige et, pour ce faire, des skis à 100 au patin, c’est merveilleux”, détaille Bruno. Pourtant, bien que des dérogations pour les skis de 95 mm de large aient été autorisées cette année, cette restriction, aussi efficace soit-elle, n’est-elle pas le reflet d’une crispation des amoureux du beau ski face à l’arrivée sur la neige des adeptes du chronomètre ?

Au-delà de cette liberté conditionnelle, La Sentinelle c’est aussi une bonne bavante avec 2 500 à 3 000 mètres de dénivelé, un parcours non balisé pour l’esprit d’aventure (chaque participant aura toutefois l’obligation d’emporter une puce GPS en cas de pépin, faut pas pousser) et des lieux d’une beauté farouche. Avec un itinéraire tracé autour du cirque de Gavarnie dans le parc national des Pyrénées, cette première édition en terre occitane dispose des plus beaux atouts. Alors, en attendant de savoir si les participants auront encore des jambes pour faire la fête, reste à souhaiter une belle réussite pour cette première édition et une longue vie à La Sentinelle.

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