La moquette de l’insouciance : une ode au ski de printemps

Oona Duroy entame le chant lyrique du ski de printemps. Cette félicité tardive vers laquelle la saison nous guide, pour quelques ultimes sillages avant que l’été nous en prive.

Oona Skari

Le soleil rase les toitures et vient nous imposer sa chaleur de braise sans que quiconque ne puisse en réchapper. Par toutes les fentes, celle-ci s’infiltre. Longer les façades, se coller aux taches d’ombres, partir aux aurores, toutes les stratégies sont bonnes pour fuir la fournaise. Dans le cas contraire, l’envie de sentir le brûlé et de voir sa peau craqueler sous les néons lumineux de cette boule de feu patientera encore sous la fine polaire qui s’accroche à son fameux fil de ce mois d’avril.

Oona Skari

Très vite, la petite laine tombe à terre rendant apparents les bras nus et pâles des amants du soleil. Qu’il tape en terrasse ou en montagne, sa chaleur décroche un sourire et nous rappelle le bonheur du soleil printanier. Avant même que les journées ne se rallongent, les plaintes se bousculeront de nouveau et l’envie d’hiver et de fraîcheur refera surface. L’humain, coincé dans un éternel recommencement, oublie vite. Pour l’heure, les pensées sont au ski et à la longue et douce moquette de neige réchauffée. La raser en débardeur, lunettes rondes et casquette visière est un des plaisirs les plus simples et des plus jouissifs de la glisse.

Oona Skari

Le départ est duveteux. L’herbe vient se mêler à nos cheveux et l’odeur des pins nous embaume le corps. Les bronchus** se collent à nous. La montée sur petits sentiers molletonnés à travers la forêt fait partie de l’excursion printanière. Les coloris sont encore grisâtres de la fonte récente. Tel un bon vieux filtre sépia, les bleus sont pâles et les marrons jaunis par les implacables combats entre la chaleur et le froid. Peu à peu la neige apparaît, bientôt les skis seront à nos pieds.

Oona Skari

La douce brise vient s’immiscer dans les quelques mèches qui s’échappent de la casquette. Les yeux sont rieurs. Le souffle apaisé. Pas à pas, nos corps s’élèvent vers le sommet. Les pentes se raidissent. Le relief se resserre vers le couloir qui mènera à la cime. Skis sur le dos, bâtons bien haut en appuis sur les dragonnes, le sommet se fait sentir. Le soleil est à son point le plus haut. L’heure du sommet est aussi celle de la pause déjeuner. En attendant la bière, une fois de retour en terrain plat, une fois l’effort passé, quand la relaxation trouve toute sa place.

** Bronchus : branches coupées

Oona Skari

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