Froidement bizarre

Guillaume Saenz, skieur pyrénéen aujourd’hui confiné à la mode landaise, revient sur la drôle de saison vécue dans cette partie du monde. Des chutes absurdes, des vents chauds, des températures folles, soit une situation déjà quelque peu anxiogène avant qu’une bonne grosse angoisse ne douche tous les espoirs.

Octobre

Octobre pour un skieur, c’est un peu comme un 23 décembre pour un gosse de 10 ans, on y est presque mais ça dure une éternité. Cette année, octobre dans les Pyrénées sentait bon, le temps changeait et les sommets blanchissaient. Et comme chaque année, les plus beaux films de ski nous sont dévoilés à cette période, histoire de nous donner la bougeotte. Mais comment s’imaginer que le mois suivant ressemblerait à un mois de janvier au Japon…

Guillaume Saenz

Novembre

À peine le temps de ressortir le matos que les prévisions météo s’affolent. En l’espace d’une dizaine de jours, il est tombé plus d’un mètre de neige sans sous-couche et dès 1 200 m d’altitude… « Mais qu’est-ce qui se passe ? ! On va où ? ! T’es sûr que ça va le faire ? » La situation était étrange en cette période de l’année.

Guillaume Saenz skieur: Pablo Mourasse

Guillaume Saenz skieur: Jérémy Gey

Guillaume Saenz skieur : Pablo Mourasse

Décembre

Mais voilà, le rêve était trop beau et notre ennemi, le vent du sud, s’est invité de la partie. Dur retour à la réalité. Les quantités tombées en novembre étaient tellement importantes que certaines stations ont ouvert en espérant que l’hiver, le vrai, pointe son nez rapidement. Après avoir profité de conditions dignes d’un mois de février, nous étions maintenant en décembre avec des conditions printanières ! Et on était là pour profiter de cette crème dont tout skieur raffole.

Guillaume Saenz skieur : Pablo Mourasse

Janvier

Les jours passent et se ressemblent et, fin janvier, le doute s’installe. L’anticyclone monstrueux n’a pas l’air de vouloir bouger et, à l’ouest des Pyrénées, on le ressent. Avec un ISO à 4 000 depuis le début du mois et quasiment aucune précipitation, la neige commence à sérieusement manquer en dessous de 2 000 m d’altitude. Trouver de quoi skier devient un casse-tête. Et puis, surtout, le moral est affecté après deux mois à attendre une chute de neige.

Guillaume Saenz Pic du Ger

Février

Et s’il n’y avait pas vraiment d’hiver cette année dans les Pyrénées ? C’est la question que certains se posent vu les prévisions à venir. Presque aucunes précipitations et des températures très élevées. Les itinéraires en altitudes que l’on pratique habituellement en avril / mai ne sont même plus en conditions – comme dans le couloir de la Fourche à l’Ossau où l’enneigement est très faible pour la période.

À ce moment-là, nous n’avons plus beaucoup d’espoir pour la saison, nous espérons sans grande conviction qu’il y ait de bonnes chutes en mars et avril pour le ski de printemps. On se fait une raison et nous avons toujours l’espoir de partir à l’étranger pour terminer la saison en beauté ! La Norvège… pourquoi pas ?

Guillaume Saenz

Mars

Il reste encore trois mois avant de ranger les skis et il recommence un peu à neiger dans les Pyrénées ! Bien que le thermomètre fasse le yoyo, il y a de l’espoir ! Sauf que le méchant virus a décidé de s’inviter jusque dans nos belles montagnes et de nous calmer bien comme il faut.

Moi qui pensais que ça ne pouvait pas être pire, j’ai compris en quelques jours que ça peut toujours l’être. On est maintenant enfermés et privés de la chose qu’on aime le plus. Plus les jours passent et plus l’espoir d’aller faire quelques derniers virages disparaît. D’une part, parce qu’on n’est pas près de pouvoir sortir de nos tanières, mais aussi parce que la météo continue de s’affoler avec des températures d’avril dignes d’un mois de juin. Avec ce virus et ce confinement, c’est peut-être le moment de prendre du recul pour comprendre que la situation est super grave.

Guillaume Saenz

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