#SheIsWild: skiing is what we need

De notre première paire de Corvus roses en 2006 à notre premier athlète sponsorisé (Marja Person), blackcrows s’est toujours donné pour mission de fournir à toutes les skieuses et skieurs les bons outils pour exprimer leur côté sauvage. ​

Pas besoin de ralentir, on saute des barres, on pose des grandes courbes, on accélère et on s’amuse sur la neige, tous ensemble. À l’occasion de la Journée internationale de la femme et tous les jours de la saison.
Pour ce blackmail, nous nous sommes réunis avec quelques-unes de nos ambassadrices préférées, et nous avons parlé de leur style de ride et de leurs aventures hivernales préférées.

Des fleurs ? Oui mais pas aujourd’hui, prends plutôt tes bâtons et allons skier.

Blackcrows : Que penses-tu de la journée internationale de la femme, en tant que skieuse ?

Kajsa Larsson: J’ai des sentiments très ambigus à ce sujet, je choisirais un autre jour pour cela et ce que je pense que la plupart des marques ne réalisent pas que le « marketing féminin » doit être pleinement intégré dans le quotidien, tout au long de l’année, pour que nous nous sentions pleinement et véritablement contentes d’être mises en avant. Si c’est juste une fois, j’ai la plupart du temps l’impression d’être un objet utilisé pour dire « Regardez comme on fait bien les choses », et en réalité, tu es la seule femme invitée dans le club. Donc parfois, ça marche au top, parfois pas tellement.

photo @laylakerley

Rio Pedersen: Ce que je préfère, c’est de voir les histoires de toutes ces femmes qui envoient, et combien de femmes inspirantes il y a autour de nous. C’est un bel hommage aux femmes, mais qui semble parfois un peu forcé. L’idéal serait qu’il y ait une représentation égale tout au long de l’année (surtout dans l’industrie du ski).

Minna Riihimaki: Je pense qu’il est important de promouvoir l’égalité et d’éliminer toute discrimination ; des performances égales devraient être récompensées de la même manière pour une femme et un homme.
Le sport encourage les femmes à prendre le contrôle, et pas seulement lors de la pratique, mais aussi dans la vie de tous les jours. Cette journée spéciale est l’occasion de mettre en avant des femmes fortes et performantes qui peuvent devenir des exemples et inspirer les autres.

photo @laylakerley

Michelle Parker: J’aime célébrer les femmes et encourager les autres femmes tous les jours, mais y consacrer une journée spécifique me semble bien mérité et digne d’être célébré.

Giulia Monego: C’est l’occasion d’aller skier avec mes copines!

Gabby Palko: Je n’aime pas trop pour les fêtes commémoratives, à moins qu’elles ne soient étayées par des éléments concrets – les femmes sont toujours confrontées à tant de défis et de discriminations dans un monde d’hommes. Il est certainement plus agréable de vivre en tant que femme aujourd’hui qu’à n’importe quelle autre période de l’histoire, mais c’est uniquement grâce aux femmes qui nous ont précédé et qui ont refusé de se laisser faire.

Celeste Pomerantz: Plus jeune je n’ai jamais accordé beaucoup d’importance à la Journée internationale de la femme. Mais en tant qu’athlète et personne qui, je l’espère, contribue à la promotion de la représentation féminine dans le sport, c’est une journée importante.

blackcrows: Tu peux nous raconter ta journée la plus intense sur la neige, et ce que tu en as retiré?

Kajsa Larsson: Je pense que le jour le plus difficile que j’ai passé sur la neige c’était ma première vraie randonnée à ski, avec trois skieurs expérimentés dans les montagnes norvégiennes. C’était avant les skis de rando allégés, les fixations débrayables et les chaussures avec mode marche. J’ai vraiment utilisé toute ma puissance pour suivre ces Norvégiens particulièrement affutés, et même si j’avais un grand sourire sur mon visage, mon corps me faisait vraiment mal. J’ai terminé cette aventure avec une grosse chute en bas du run que nous étions allés skier, mais j’ai beaucoup appris pendant ce trip.

photo @laylakerley

Rio Pedersen: L’hiver dernier, j’ai skié une ligne près de chez moi appelée The Sickle («la faucille»), un couloir vraiment raide et étroit. La montée en bootpack était terriblement verticale, mais il n’y avait pas vraiment d’option pour faire demi-tour avant le sommet. J’ai appris à faire confiance à mes capacités et à mes prises de décision. J’ai appris que je pouvais faire des choses que je croyais vraiment impossibles (The Sickel est la deuxième ligne que j’ai skiée après m’être dit en la regardant « jamais je ne ferai ça »)

Minna Riihimaki: C’est difficile de choisir un exemple, mais l’aventure la plus difficile dont je suis fière est probablement la première descente à ski féminine du célèbre éperon Frendo, dans la face nord de l’Aiguille de Midi, en 2013. J’étais avec 4 amis, tous des hommes, des partenaires de ski de longue date.
Nous espérions depuis quelques jours que la face soit en bonnes conditions et ce jour-là, tout s’est aligné. Nous nous sommes retrouvés tous les 5 et nous étions dans la première benne, nous avons descendu la crête et avons fait un check ARVA en bas. La décision de descendre la Frendo a été facile à prendre, nous étions tous en bonne forme, nous avions le matériel nécessaire et nous étions d’accord sur le fait que la face devait être ouverte.
Pour moi, ce jour-là, il n’y avait aucune différence entre un homme et une femme sur des skis. Notre confiance et notre compréhension mutuelles étaient les garants d’une journée mémorable. Je suis toujours reconnaissante de partager ces aventures avec mes amis (masculins) et cette journée a été la démonstration que le sexe n’a pas d’importance, il s’agit des compétences que chaque membre apporte pour former une équipe complète et soudée.

photo @aaronrolph

Michelle Parker: Je pense que mon aventure la plus difficile sur la neige a probablement été mon expédition au Denali, en particulier le tout dernier jour où nous avons quitté le « camp 14 » pour redescendre de la montagne. On avançait sur une vilaine croûte cassante et nous avions chacun 50kg d’équipement à transporter sur cette face en train de fondre, des crevasses partout et une forte probabilité de blessure. Ce jour-là, j’ai appris l’importance d’avoir une équipe solide avec une bonne dynamique de groupe. Cela a rendu cette journée longue et difficile vraiment spéciale et mémorable.

Liv Sansoz: Il ne s’agit pas de la journée la plus difficile, mais d’une journée où j’ai beaucoup appris. Nous étions partis en randonnée avec deux autres skieurs professionnels, l’un était un moniteur de ski, tous deux étaient des hommes. Je n’étais pas guide de montagne et je n’avais aucune qualification “officielle” sur la neige, si ce n’est ma propre expérience.
Nous sommes arrivés plus tard que prévu en bas du couloir que nous étions censés remonter et descendre à ski, et le soleil chauffait déjà la partie supérieure du couloir sur sa face ouest.
J’ai dit aux gars que nous arrivions trop tard, que les températures étaient élevées et que nous devions nous arrêter et prendre une décision. Pour eux, il n’y avait pas de problème du tout. Ils étaient tellement sûrs d’eux que j’ai pensé que je faisais une mauvaise estimation de la situation.
Nous avons commencé à grimper, et alors que j’ouvrais la voie, j’ai entendu le bruit de la neige. Une petite avalanche est arrivée très vite sur nous. J’ai été entraînée dans le couloir, totalement recouverte par la neige. Heureusement, elle n’était pas trop épaisse et j’ai pu m’en sortir. L’autre gars juste en dessous de moi s’est aussi dégagé et le troisième qui était beaucoup plus bas a été emporté jusqu’à la base du couloir mais a pu s’en sortir tout seul. Nous avons eu de la chance que la quantité de neige ne soit pas plus importante et qu’il n’y ait pas de rochers ou de petites bandes de falaise à sauter. Depuis ce jour, j’ai décidé de toujours faire confiance à mon instinct, même si je suis avec des hommes ou des femmes très expérimentés (ou si je pense qu’ils sont plus compétents que moi).

photo @fabian_bodet

Giulia Monego: J’ai vécu beaucoup d’aventures sur la neige, mais la plus marquante a sans doute été le sauvetage d’une jeune fille blessée sur l’Illimani, un sommet de 6000m d’altitude en Bolivie. Moi et mon compagnon de ride avons changé notre objectif, qui était de rejoindre le sommet pour skier cette montagne, afin de sauver la vie de cette femme. C’était dur et mentalement épuisant, mais nous avons réussi, et notre engagement a été couronné de succès. J’ai appris beaucoup de choses sur la façon de mener un sauvetage au milieu de nulle part ce jour-là.

Gabby Palko: La saison dernière, j’avais prévu un shooting avec un photographe qui venait de très loin. Les conditions étaient absolument terribles, le vent soufflait et il faisait un bon -30°C. Il n’y avait aucun skieur dehors vu le temps, mais il fallait qu’on prenne certaines photos et nous sommes quand même sortis. Il faisait si froid que j’ai souffert d’engelures aux pieds et je pouvais à peine descendre – mon corps avait l’impression d’être complètement endormi.
Je pense qu’en tant que femme, je ressens une certaine pression pour être performante, pour endurer les choses afin de ne pas être considérée comme faible, mais aujourd’hui je ne ressens plus le besoin de faire des choses si je ne me sens pas en sécurité ou simplement à l’aise, quel que soit le travail. Ça m’a aussi appris à travailler plus avec des photographes femmes.

photo @matthew_tufts

blackcrows: Existe-t-il une communauté de skieuses, la sororité des rideuses?

Rio Pedersen: Il existe des groupes comme la Slut Strand Society, Womb tang et d’autres qui ont créé une communauté d’identification féminine dans le monde du ski. Ces groupes aident à combattre l’idée que les femmes ne sont sur les pistes que pour être de jolies et mignonnes petites choses. Personnellement ça me plait d’être mignonne, mais cela n’enlève rien à mes capacités.

Leoni Zopp: La plupart du temps, je ne skie qu’avec des garçons parce qu’à Andermatt, il n’y a pas beaucoup de filles qui aiment le ski autant que moi, mais même si je ne peux pas toujours skier avec mes skieuses préférées, elles m’inspirent au jour le jour. C’est une des conséquences positives des médias sociaux. Je dirais aussi que la communauté des skieuses est en train de se développer car il y a tellement de filles qui déchirent (à l’époque, il y avait aussi des femmes vraiment inspirantes mais le système ne leur permettait pas de montrer leur potentiel, grâce à elles c’est beaucoup plus facile aujourd’hui). La gamme birdie de blackcrows est aussi l’une des raisons pour lesquelles les filles peuvent attaquer fort : avoir le bon équipement est essentiel et blackcrows a toujours considéré ça pour les les filles aussi, donc ils ont fait les skis parfaits pour nous (pas comme les marques de boots qui nous sortent toujours des chaussures avec un flex de 90…).

Minna Riihimaki: La diversité devrait faire partie de toute communauté et le mélange des genres est essentiel. Je pense que l’expérience du ski est plus riche lorsque des hommes et des femmes la partagent ensemble.
La condition la plus importante au sein d’une communauté est d’avoir un certain nombre d’attitudes et d’intérêts en commun, en dehors de partager le même sexe. Bien sûr, les skieuses peuvent se soutenir et s’encourager mutuellement au sein de groupes de femmes, tout comme les hommes peuvent le faire, mais sans forcément une ségrégation des différentes communautés.
Il est bon et nécessaire de prendre des mesures pour que chacun puisse apprendre à se sentir à l’aise dans la grande communauté des skieurs. Il est probable que pour de nombreuses femmes, le seuil à franchir pour entrer dans le milieu du ski ou de la montagne, dominé par les hommes, semble difficile. Les actions destinées spécifiquement aux femmes peuvent faciliter les choses, donner confiance aux femmes et les encourager à participer et à entrer dans la grande famille du ski.

photo @aaronrolph

Liv Sansoz: Je vois beaucoup de respect et de sororité entre les femmes, surtout quand elles sont engagées dans une démarche de haut niveau. Et je pense que la jeune génération de femmes s’entraide plus qu’avant. C’est quelque chose de plus naturel ou de plus facile à faire, parce qu’il y a plus de femmes qui ont une approche haut niveau qu’avant. Et parce que les médias sociaux encouragent aussi les actes positifs et les comportements agréables.

photo @laylakerley

Gabby Palko: J’ai passé la majeure partie de ma vie à être avec les garçons, à courir après mon père, mon frère et mes potes. J’ai beaucoup appris de mes petits amis guides et des excursions dans les refuges avec des amis masculins. Mais quand je rencontre des filles qui avaient la même passion et qui attaquaient fort, il n’y a rien de tel. J’ai rencontré ma première meilleure copine de ski à l’université, elle venait du Montana et c’était une skieuse vraiment forte, mais elle était aussi toujours prête à laisser tomber si nous étions trop fatiguées ou si nous avions froid, et on allait plutôt prendre un café au lait ou un verre de vin dans un coin sympa. Elle pouvait également rider des lignes plus fort que la plupart de nos amis masculins. Aujourd’hui, je recherche toujours des partenaires de ski féminines et, en vieillissant, je me rends compte que travailler avec des femmes est souvent bien meilleur que de travailler avec des hommes. Moins d’ego.
Et parmi quelques journées de ski incroyables l’année dernière, ma journée la plus mémorable reste une “journée de ski entre filles” que j’ai passée avec trois amies au printemps – il faisait très chaud (avril) et nous étions les seules personnes dans la zone (c’est ce que nous pensions), alors nous nous sommes toutes déshabillées et nous avons skié en sous-vêtements. Soudain, un groupe de dix mecs est apparu, qui avaient été déposés par un hélicoptère et qui sont passés juste à côté de nous et se sont presque tous rentrés dedans quand ils nous ont vu – c’était hilarant. C’était le jour le plus amusant de ma saison l’année dernière.
Je tiens également à souligner que toutes les femmes qui skient apportent quelque chose de positif. Pas besoin d’avoir un niveau de tueuse, il y a de la place pour toutes les skieuses, les coquettes, les rigolotes, les sexy, les débutantes et celles qui aiment se balader au soleil. Il s’agit de s’amuser, de prendre du plaisir. Je pense que donner aux filles les moyens de se dépasser est une excellente chose, mais il n’est pas nécessaire de rivaliser avec les garçons ou d’être une dure à cuire si on ne le sent pas, il suffit d’être soi-même et cela se verra sur la neige.
Malheureusement, je pense que les femmes peuvent être très compétitives et territoriales dans le monde du ski, parce qu’il est dominé par les hommes et qu’il semble y avoir peu de places pour nous. C’est quelque chose que j’aimerais voir disparaitre.

photo @laylakerley

blackcrows: Que signifie la liberté pour toi ? Ça te fais penser à une paire de skis?

Kajsa Larsson: Je placerais la liberté dans un contexte plus large qu’une simple paire de skis. La liberté s’accompagne d’un sens unique et remarquable de la perspective du temps, un jour de liberté peut sembler une éternité, et ce moment est la seule chose qui compte.

Rio Pedersen: To me, freedom is having no shackles of expectation.  Skiing is definitely a medium of freedom; nature, snow, and mountains harbor no expectations.

Minna Riihimaki: Les montagnes sont ma passion, et le ski contribue fortement au sentiment de liberté. J’ai l’impression que la plus grande liberté apparaît lorsque je sors de ma zone de confort, que j’accepte un défi et la réalité d’un danger potentiel, tout en gardant le contrôle, en me rappelant mes limites et, bien sûr, en m’amusant.

Leoni Zopp: Je ne pourrais pas être plus proche de la liberté qu’en skiant une grosse ligne ou en sautant une grosse barre. La liberté, c’est d’être le plus vrai possible avec soi même, et cela se produit pour moi lorsque j’enclenche mes fixations.

photo @myshellparker

Michelle Parker: La liberté, pour moi, c’est être libérée des pensées et des distractions, être complètement présente dans mon environnement, avec qui je suis et ce que je fais. C’est la chose la plus libératrice du monde pour moi et cela se produit généralement chaque fois que je vais skier. C’est ce sentiment auquel je suis accro et que je recherche constamment. Il se trouve que le ski est mon moyen d’accéder à la liberté.

photo @bjarnesalen

Liv Sansoz: La liberté, c’est la vitesse, le vent dans les cheveux et ne pas vouloir s’arrêter. Et oui, cela implique une paire de skis ! La liberté, c’est faire ce que l’on aime comme on le veut. C’est être indépendant et acteur de sa vie comme on l’imagine.

photo @laylakerley

Giulia Monego: En montagne, je me sens loin des contraintes de la vie quotidienne, des règles. En montagne, je peux faire mes propres choix et les seules règles que je dois suivre sont celles de la nature. Pour me déplacer en montagne, le meilleur moyen est d’avoir une paire de skis sous les pieds, alors oui, j’associe beaucoup la liberté au ski, mais pas seulement.

photo @laylakerley

Celeste Pomerantz: Pour moi, la liberté est à la fois un sentiment et une situation physique. Ce sentiment débridé d’être totalement déconnecté du temps tout en profitant de la nature. Cela implique absolument une paire de skis. Dévaler des montagnes à toute vitesse, quel que soit le format, c’est ça la liberté.

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