the sacred grounds | 1ère partie
Callum Pettit aux confins de la Colombie Britannique

9 ans après ” Into The Mind “, où ils ont partagé un segment de ski qui reste majeur à ce jour, Kye Petersen et Callum Pettit reviennent avec du ski de big mountain comme on l’aime pour Sacred Grounds.

Ce premier épisode d’un projet qui a duré 4 ans, voit notre crow Canadien déchirer quelques grosses lignes sur un terrain inexploré du sud de la Colombie-Britannique. Nous lui avons posé, ainsi qu’à notre crow créatif Mike Henitiuk, qui a monté la vidéo, quelques questions sur cette expérience en haute montagne.

blackcrows: Comment avez-vous été embarqués dans ce projet tous les deux ?

Callum Pettit : Ce projet a commencé avec le premier voyage à Barney Bay, qui est la cabane des parents de notre ami d’enfance. Kye et moi sommes des potes de ski depuis l’adolescence. C’est lui qui est à l’origine de cette série, et il n’y avait aucun doute sur le fait que je devais le suivre. Je n’avais pas vraiment de budget de voyage, mais je savais que ça valait la peine de dépenser sans compter. Il s’agit d’une zone qui m’intéressait au plus haut point, même si elle était relativement inconnue.

Mike Henitiuk : Kye m’a contacté il y a un mois pour donner vie à son projet. Il s’est donné beaucoup de mal pour trouver des soutiens matériels et financier, mais il avait de grosses ambitions pour son projet. J’ai tout de suite vu dans ce travail une opportunité pour moi d’aider à créer une histoire avec ses images et, plus important encore, de la faire connaître au monde entier. L’ensemble de l’équipe et les acteurs impliqués dans ce projet sont des amis proches. On aime bien faire les choses en famille par chez nous.

« Nous avons créé cette série pour qu’on ait plaisir à la regarder sur une télévision ou un grand écran, alors s’il vous plaît ne la regardez pas sur votre téléphone. »

C’est un projet de grande envergure et assez inhabituel de par son échelle : 4 ans de travail ! pouvez-vous nous en dire plus ? À l’époque d’Instagram et du contenu live, rester assis sur des téraoctets d’images ce n’est pas commun…

Mike : Malheureusement notre monde est sursaturé de méchants contenus, mal faits et vite oubliés. Mais je pense que les gens ont au fond d’eux même toujours envie de vrais films. Nous avons créé cette série pour qu’on ait plaisir à la regarder sur une télévision ou un grand écran, alors s’il vous plaît ne la regardez pas sur votre téléphone. Cela ne lui rend pas justice. Il faut aussi du temps pour faire les choses correctement, d’où ce projet de 4 ans. Les spots qui ont été parcourus dans cette série ont d’innombrables aspects à prendre en compte. Bien sûr il y a des avantages à produire un contenu rapide et live. Mais cela ne devrait pas être l’alpha et l’omega sur Internet. On doit pouvoir faire des choix dans ce qu’on regarde, et ne pas laisser un algorithme nous dire quoi faire.

Callum : Je pense qu’au début, le plan était de tout faire sur deux ans. Notre voyage à Barney Bay a été la seule séquence tournée la première année, en mars 2018. Et cela ne s’est résumé qu’à deux jours de tournage, avec l’attente de la bonne météo et des bonnes conditions le reste du temps. Souvent, la fenêtre est courte et il y a de nombreuses lignes dans la région, surtout si tu essayes de les skier dans une bonne lumière pour les caméras. Nous avons fait un autre trip similaire en 2019. Nous nous sommes installés sur le même lac, mais dans un autre chalet, plus loin sur le lac. Nous savions qu’il y avait encore plein de terrain à rider après la première mission. Cette deuxième année, Blackcomb Helicopters nous a offert 5 heures de vol, ce qui nous a beaucoup aidés. Puis, au fil du temps, le projet a connu quelques changements de mains, avec les personnes qui le prenaient en charge dans le processus de réalisation et de production. Et le concept du projet a pas mal changé aussi. Au fil du temps, Kye a continué à se concentrer sur le tournage mais il a eu du mal à trouver des financements pour faire le travail titanesque de post-production. C’était vraiment difficile pour moi de voir que les meilleures séquences sur lesquelles j’avais travaillé n’étaient pas diffusées, parce que je n’avais pas grand-chose à montrer à mes sponsors. Je n’étais pas propriétaire des images et je ne pouvais donc pas faire grand-chose, mais la patience a payé en voyant que tout s’est mis en place et que beaucoup de gens ont apprécié le film.

Quels ont été les principaux défis pour ce premier épisode ?

Callum : Au niveau logistique, tout s’est plutôt bien passé. C’est comme une seconde maison là-haut. Barney et Penny, les propriétaires du chalet au bord du lac, sont des hôtes incroyables et super sympas. Ils ont fait toutes les courses et la cuisine pour nous, ce qui nous a donné l’impression d’être dans un lodge privé où personne ne serait encore jamais allé pour skier. C’était assez surréaliste de voir un hélicoptère garé sur le ponton juste devant le chalet. Notre pilote de drone et notre guide, Chris Flynn et Connor Halliwell, étaient tous deux des amis d’enfance, donc notre équipe était très locale et soudée. Je dirais que notre plus grand défi a été d’attendre les bonnes conditions météo. Nous avons eu beaucoup de journées couvertes, le soleil était rare et même les jours où il était présent, ça se couvrait généralement dans l’après-midi.

Mike : Pour moi, la partie la plus difficile de ce projet a été de passer en revue toutes les séquences, et de choisir les bons plans. Certaines plans duraient plus d’une minute, avec de très bonnes séquences. Ce n’est pas un mauvais problème, honnêtement. Mais même avec une première partie de 20 minutes, beaucoup de plans n’ont pas été retenus : certains, de toute première qualité, sont passés à la trappe. Ces gars-là ont vraiment un niveau de ski d’un autre monde.

Cette zone de Barney Bay n’a pas été beaucoup explorée dans le passé, ça faisait quoi d’ouvrir des premières dans cette zone ?

Callum : La raison pour laquelle cette zone n’a pas été explorée c’est sa difficulté d’accès. La plupart des skieurs et snowboardeurs de la région utilisent des motoneiges et des peaux pour se rendre dans les zones reculées, et la route qui mène ici est avalancheuse et souvent fermée par des grosses coulées. D’autre part, ceux qui font de l’héliski ne vont pas ici parce que c’est vraiment trop loin de l’héliport le plus proche, ce serait vraiment trop couteux pour faire des excursions d’une journée. Le fait que la machine puisse passer la nuit sur le lac avec nous a rendu l’utilisation de l’hélicoptère bien plus économique. Le défi de la première sur ces lignes a déjà été de les trouver ! Une fois sur le terrain et en commençant par les lignes orientées à l’est le matin, nous avons réalisé qu’il s’agissait d’excellentes montagnes pour filmer du grand ski. Pas trop courtes et pas trop grandes non plus. Enfin, jusqu’à ce que nous arrivions à certaines des dernières lignes du film, là c’était assez démesuré…

« Si tu as la volonté et l’engagement pour aller loin dans les montagnes, tu te retrouves complètement seul. »

Le corridor « sea to sky », entre Squamish et Pemberton en passant par Whistler, c’est un peu votre maison. Qu’y a-t-il encore à découvrir ici ?

Mike : La région peut sembler sur fréquentée quand on voit les files d’attente des remontées mécaniques, le départ des pistes et les parkings. Mais une fois qu’on est au milieu de ces montagnes, c’est vraiment sans fin. Tous les segments de Barney Bay (les deux derniers du film) sont accessibles par hélicoptère, ce qui permet d’accéder à des zones de ski très isolées et presque impossibles à atteindre autrement. On pourrait techniquement y aller en rando, camper et atteindre ces sommets à la force des jambes, mais pour pouvoir filmer et skier comme ils le font, c’était vraiment plus efficace en hélico.

Callum : Il y a encore beaucoup de zones inexplorées ici qui sont trop éloignées pour faire des trips d’une journée en motoneige. Donc si tu as la volonté et l’engagement pour aller loin dans les montagnes, tu te retrouves complètement seul. Après le nombre de passionnés en motoneige augmente chaque année, donc il y a certainement des zones qui sont de plus en plus fréquentées.

« C’était comme le niveau final d’un jeu vidéo, parce que c’était vraiment au tout fond de la zone où nous pouvions faire de l’héliski, et c’était la dernière ligne du trip. »

Callum ta dernière ligne de l’épisode est assez engagée, tu peux nous en dire plus ?

Callum : Cette ligne a été pour moi le point culminant du trip et peut être de toute ma vie. C’était cool parce que je me suis chauffé tout le long de ce tournage jusqu’à cette ligne, et je ne m’en suis même pas rendu compte parce que nous étions juste en train de cocher lentement des runs, et d’aller de plus en plus loin dans les montagnes et dans notre ski. C’était comme le niveau final d’un jeu vidéo, parce que c’était vraiment au tout fond de la zone où nous pouvions faire de l’héliski, et c’était la dernière ligne du trip.

Tu ridais avec quel matos sur ces images ?

Callum : Principalement des nocta 190 avec des fixations alpines. J’ai aussi fait une journée avec le anima 188. Mes batons sont les meta en 115 et je portais la combinaison Ora Xpore l’année dernière, on me voit avec sur une grande ligne dans le premier segment, à Whistler.

Sacred Grounds est une série en plusieurs épisodes, vous êtes impliqués dans les prochains ? Qu’y a-t-il au menu ?

Callum : Je vais apparaître dans certains épisodes à venir. Mike en saura plus que moi là-dessus. L’année dernière, à Mica Creek, nous avons tourné de très bonnes images avec du ski de pillows de folie, ce sera dans l’une des prochaines parties.

Mike : Nous travaillons sur la partie 2, en espérant la sortir d’ici fin février/début mars. Puis les parties 3 et 4 sortiront à l’automne. Je ne peux rien dire de plus…

 

par Mathieu Ros

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