1er avril et 13 Farvardin : Sizdah Bedar

Aujourd’hui, premier avril 2020, nouveau clin d’oeil à l’orient perse où se fête le Sizdah Bedar, croyance aussi vieille que mes robes. Sans rire.

Premier avril dans le calendrier grégorien, nous sommes aussi je jour de Sizdah Bedar, “le treizième dehors”, soit le treizième jour après Norouz, équinoxe de mars et nouvel an du calendrier perse. La croyance venue des anciens Perses de culte zoroastrien voulait que les douze constellations du Zodiaque influent les mois de l’année et que chacune règne sur la terre pour un millier d’années. À la fin de ce cycle, le ciel et la terre sombreraient dans le chaos. Ainsi, le treizième jour après Norouz, tout le monde sort dans la nature pour conjurer le mauvais sort. C’est pourquoi les Iraniens et au-delà, dans le vaste territoire des anciens empires, s’en vont pique-niquer et festoyer le treizième jour après Nowrouz. Cette année 2020, le sort ne pourra être conjuré dehors, mais tablons que le C19 mette aussi la frousse aux malédictions.

Antoine JAG

D’ordinaire, soit pas en 2020, ce jour est aussi l’occasion de jeter les sabzeh constitué pour le Haft-sin dans de l’eau en mouvement pour exorciser les démons (les divs) de la maisonnée. Le sabzeh, symbole de renouveau, est constitué d’un pot de germes qui peuvent être du blé, de l’orge, des haricots mungo ou des lentilles. Le sabzeh fait partie des sept éléments symboliques du Haft-sin que chaque foyer met en scène afin de représenter la nature lors de Norouz. Sur une table sont donc exposés du sabzeh, du samanu (gâteaux aux germes de blé) qui symbolise la force, des senjed (olive perse) symbolisant l’amour, du serkeh (vinaigre) symbole de patience, du somac (sumac) symbole de l’aube, des seeb (pomme) symbole de beauté et du seer (ail) symbole de santé. Son nom vient de haft qui veut dire 7 et de Sin, soit la 15ème lettre de l’alphabet persan qui s’écrit “س”, tous les éléments du Haft-sin commencent par cette lettre. Parfois aussi sont ajoutés sur ce présentoir dont l’esthétique atteste du bon goût de la maison, d’autres éléments commençant par la lettre “س”. Il s’agit du sonbol (hyacinthe) symbole du printemps, d’un sekkhe (pièce de monnaie) symbole de prospérité ou d’une saat (horloge), symbole du temps.

Marco Djermaghian

Sizdah Bedar est aussi le moment de faire des vœux en faisant un nœud à une herbe verte (sabzi) que l’on jette également dans de l’eau qui s’écoule. Traditionnellement, les jeunes garçons et les jeunes filles font le voeu d’être marié avant le prochain Sizdah Bedar en attachant les tiges des sabzeh avant de les jeter dans l’eau.

Antoine JAG

Lors du Sizdah Bedar comme pour le premier avril, c’est aussi l’occasion de faire des plaisanteries. Les premières traces de cette coutume dateraient de 536 AC au cours l’empire Achéménide, soit un millénaire avant la première trace de cette pratique en occident où elle est peut-être évoquée en 1392 dans les Contes de Canterbury et plus certainement en 1466 dans la Doctrinal du temps présent de Pierre Michault. À y regarder de plus près, ils ont de l’avance en la matière les Iraniens, mais on attendra l’an prochain pour les charrier.

Antoine JAG

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