mirus cor :
bienvenue dans le air carving

pour pousser son ski un peu plus loin. Discussion autour de ce nouveau ski-ovni,  avec Julien Regnier, Remco Kayser et Kevin Guri.

Pour parler de notre nouvel objet de désir, le mirus cor, on a réuni 3 représentants de l’aristocratie blackcrows autour d’une table virtuelle. Julien Regnier, le shaper de ce ski à queue d’hirondelle, nous répond depuis son studio, qui est aussi un centre de création pour la marque, à Brides-les-Bains. Kevin Guri est chez lui aux Menuires, il a intégré la flotte Blackcrows il y a 3 ans. Il pratique beaucoup en freeride, en freestyle et jusqu’au ski alpin qui l’a formé, avec une vision très différente de la montagne et de la façon qu’on a d’y glisser par rapport à Remco Kayser, le troisième et dernier convive. Remco habite Genève, pratique surtout le ski de rue et le backcountry, et le park quand il a le temps. Il est arrivé chez blackcrows depuis avril dernier, avec un esprit moderne et rafraîchissant si on peut dire.
À eux trois, ils nous peignent une vision onirique de ce ski très particulier.

photo @julienregnier

blackcrows: Julien qu’as-tu voulu faire avec ce mirus, à qui s’adresse-t’il, et que veut dire « cor » ?

Julien Regnier: cor, c’est pour définir des catégories qui veulent pousser un peu les pratiques et changer la donne sur le marché du ski. En tout cas ne pas arriver avec un produit traditionnel, qui s’inscrirait dans un segment précis. À chaque fois que blackcrows va faire un produit cor, ce sera dans cet esprit-là, avec un pari. Pour le mirus, la réception dans le milieu, parmi les skieurs, est déjà bonne, ce qui est bien même si on ne sait pas ce que cela va donner commercialement.

Ce que j’ai voulu faire, ça suivait un peu ma pratique, et celle de skieurs comme Remco. Moi je suis trop vieux pour faire ça techniquement, mais je le comprends, ça vient de mon passif de freestyleur. Et c’était aussi lié à la pratique d’un vieux skieur qui aime bien carver.

Donc lier tout ça, mon passif freestyle, la pratique que j’observe des jeunes, qui est un petit peu plus shred, avec un peu moins de vitesse, des sauts plus petits… J’avais envie d’un ski qui carverait super bien, avec des lignes de cotes très agressives, mais avec un profil twin tip. Je savais que j’allais l’utiliser principalement en carve, très plaisir, très ludique, potentiellement skier un petit peu en switch, mais je voyais que des skieurs comme Remco pourraient l’utiliser de manière beaucoup plus agressive, dans des sorties de kicks et autres.

Remco tu te retrouves dans ce que raconte Julien ?

Remco Kayser: oui je n’ai pas encore beaucoup skié le mirus, mais j’ai déjà pu faire plein de trucs chouettes, et aussi imaginé en faire plein d’autres. Il y a un vrai revival chez les plus jeunes, aller chercher des courbes, s’habiller en mode nineties, aller faire des carves dans des petits quarters… Pour le jib aussi je pense que ce ski est très intéressant, il y a un pop, un petit rocker où je peux faire de vrais nose butter, plus qu’avec le camox par exemple, il y a plus ce flex sur la fin… Même pour des approches sur des rails, ou potentiellement en street, pour arriver avec une grosse carre, pour aller dans des spots spécifiques.

Julien: je crois que le ski peut ouvrir certaines positions, certaines prises de carres dans les kicks, ramener un style un peu différent au final…

Remco: j’ai un spot de street en tête, où il y a un petit ledge étroit qui tourne hyper rapidement et qui emmène sur un rail ( on passe les anglicismes pour cette fois ). Je pense qu’avec un ski normal je n’arriverai pas à prendre la carre et tourner assez vite pour rester dessus, alors qu’avec le mirus je pourrai tourner très rapidement avant le rail. Pour les butters, il m’a l’air très chouette, et aussi réactif, si il y a plusieurs rails très rapides les uns après les autres tu peux vite carver entre les kicks.

Julien: il y a un bémol qui fait que ce n’est pas un ski complet de freestyle : dès que tu vas vite il est un peu instable. Ça je le savais, ce n’est pas dans son ADN, taper une table de 25m là-dessus ce n’est pas complètement conseillé, si tu atterris moyen tu es dehors.

photo @julienregnier

Kevin, ton ressenti sur ce ski ?

Kevin Guri: je n’ai clairement pas le même passif que Remco, je ressemblerais peut être plus à Julien. Moi clairement je viens du ski alpin, du freeride, et un peu freestyle mais beaucoup moins shred que Remco. Ce que j’ai adoré, c’est que j’ai retrouvé un vrai ski de slalom, mais moins dangereux qu’un vrai slalom, moins réactif quand même, et du coup très fun à skier. Pour moi c’est un ski de station, pour profiter des remontées mécaniques quand la neige n’est pas très intéressante à aller chercher en hors-piste, ou quand il n’y a pas un super park, ou qu’il y a plein de choses à shredder… Ce n’est pas un ski qu’on skie à haute vitesse, et ça se retrouve quand on carve,si on commence à aller vraiment très vite avec, on peut vite se mettre out.

photo @julienregnier

En quoi c’est un ski qui peut ressembler à d’autres, par exemple des skis à swallowtail comme le Line Blade, et à quoi sert le tail ?

Julien: alors déjà le swallowtail ne sert à rien. D’ailleurs moi je déteste le concept du swallowtail pour avoir une quelconque utilité. Il y a certains shapes qui pourraient faire exception, mais tout ce qui est ski de poudreuse avec un swallowtail je n’arrive pas trop à comprendre. Mais c’est joli, et sur ce ski c’est purement esthétique, d’ailleurs le swallow est vraiment sur les 10-15 derniers centimètres, tellement hors du rocker et sur la partie spatule du ski que si tu arrives à cet endroit-là pour prendre un appui, tu es sur le dos en 0,5 secondes. On peut designer un ski avec un swallow sur un talon plat, et on peut avoir un flex qui peut être plus rigide quand on n’est pas sur la carre, ce qui arrive très peu au final, et quand on se met sur la carre le ski perd la moitié de son flex. La marque Zaï avait fait ça sur un ski full carbone, et c’était joli, mais on peut optimiser un ski d’une manière différente, sans passer par cette complexité qui n’apporte pas grand-chose. Après ce sont aussi des objets esthétiques. En tout cas la réponse est simple, ça ne sert à rien, ça n’apporte rien, c’est joli.

Pour revenir à cette comparaison avec le Line Blade, qui est plus large, tout est exacerbé, le Blade est plus pataud, plus lourd sous le pied. Ce n’est pas un ski réactif, il n’a pas le panache, l’envie de performer du mirus, dont les limites sont dues au fait que c’est aussi un ski de freestyle, mais tu as quelque chose avec lequel tu peux attaquer, plus aérien.

photo @julienregnier

Remco et Kevin, en quoi ça peut changer de vos skis habituels ?

Remco: dans la gamme blackcrows, ce mirus sera clairement le ski avec lequel je pourrai faire des trucs que je considère «à jour» dans le park : du swerve, plus de butter, et puis des belles courbes dans des transitions, un peu « snowboard années 90 ». Le swallowtail, comme disait Julien, ça ne sert peut être pas à grand-chose, mais c’est cool sur les images. Tu peux avoir un crop sur un gros turn dans un quarter, tu viens prendre le haut du quarter avec le swallowtail, ça fait de belles images.

Kevin: clairement le coté esthétique, ça lui donne une petite âme en plus. Pour moi ce ski, c’est pour des jours ou j’ai envie d’être plus tranquille. C’est pour ça que je ne prendrai pas le serpo, je vais aller tailler de la courbe à allure plus modérée, chiller, aller chercher à m’amuser en shred. Je n’ai pas un gros niveau dans ce type de pratique, mais c’est un ski qui va m’aider à progresser. Et puis il est destiné à un panel je pense beaucoup plus ouvert.

photo @julienregnier

Julien, c’est un ski de quiver ce mirus, comme la décapotable que tu sors le dimanche ?

Julien: je trouve qu’il y a déjà assez de skis polyvalents chez blackcrows. J’ai clairement voulu un ski particulier, quelque chose de très précis. Comme je disais, en haute vitesse on trouve les limites oui, parce que c’est plus sympa à basse vitesse et qu’il faut le skier comme ça. Alors qu’un serpo ou un camox, à basse vitesse tu arrives à trouver du plaisir, et à haute vitesse aussi : ce sont des skis qui vont te permettre de skier plus de vitesses, plus de terrains, plus de choses. Mais avec le mirus, tu feras tout ce qui est basse vitesse, petits virages, petit jib, tu pourras trouver d’autres angles, d’autres choses. Il a un moins gros panel mais ce n’est pas du tout un soucis. Après franchement, tu peux passer une saison là-dessus, et ne pas en trouver le bout. Si tu n’es pas un skieur de poudreuse, que tu n’as pas envie d’aller vite, si tu es bien sur la piste à ne faire que des petits virages, je connais des skieurs qui n’ont qu’une paire de slalom et qui sont contents. Nous on parle de quiver parce qu’on fait tout, on skie beaucoup, de manière très large, alors oui, on a besoin de plusieurs paires de skis. Et évidemment notre paire polyvalente elle va vouloir faire plus de choses que le mirus, mais beaucoup seront bien sur le mirus toute l’année.

photo @julienregnier

Pour terminer en quelques mots, à quoi va vous servir ce ski ?

Kevin: pour moi c’est LE ski pour toutes les journées station tranquille pépère, quand il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, et pour se faire les cuisses en début de saison.

Remco: moi je me réjouis de faire une vidéo avec un breakbeat des années 90 très rapide, où je vais carver très fort.

Julien: c’est un ski que je trouve cool. Après il faut l’assumer, il y a des gens qui n’ont pas envie d’avoir un OVNI sous les pieds. Mais dans la queue du télésiège, il est beau, il est différent, et rien que pour ça tu as envie de le sortir.

venez échanger avec Julien Regnier, blackcrows shaper depuis 2009 au Paris nest.

Rendez-vous le 20 Novembre 2021 à 12:00 #savethedate sur Facebook 

propos recueillis par Mathieu Ros

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