La poudreuse, l’oiseau et le photographe

À l’occasion de la publication du très beau reportage dans le magazine  Powder sur la vallée où grandit et s’épanouit notre ami Michael Bird Shaffer, nous avons souhaité en connaître davantage sur l’émotion ressentie par l’un des concepteurs de cet article, le photographe Scott Rinckenberger. En duo avec le journaliste Kade Krichko, il a parcouru cette merveilleuse vallée de Meatow, nichée aux abords de la chaîne des Cascades, afin de témoigner sur les terribles incendies qui ravagent la région depuis quelques années. L’article, intitulé “In a Fire-Ravaged Washington Town, Skiing Breathes New Life” (Dans une Ville de Washington Ravagée par les Flammes, le Ski Insuffle le Renouveau), il est allé à la rencontre de la communauté de skieurs – dont Michael Shaffer – qui ont appris à skier sur les pistes de Loup Loup Ski Bowl, une petite station directement menacée par les récents incendies.*

*Merci à Scott et Powder pour l’usage de ces photos.

Scott Rinckenberger
Michael Shaffer in the Methow Valley

Black crows : Est-ce que tu connaissais la vallée de Methow avant de travailler à cet article pour Powder ?

Scott : Tout comme Bird, je suis originaire de l’État de Washington et un grand amoureux de la chaîne des Cascades. Twisp et la vallée de Methow sont l’un de mes repaires au printemps, en été et à l’automne quand l’autoroute des North Cascades est ouverte et offre une vue magnifique dès qu’on franchit le col de Washington et qu’on plonge dans la vallée de Methow où le ski de randonnée, l’escalade et le VTT sont de classe mondiale. Ce qu’il y a eu d’insolite lors de cette visite, c’est qu’on est venu au beau milieu de l’hiver, quand le col était fermé et que le tourisme était à son niveau minimum. Et comme Bird nous a accompagnés tout du long, ce fut une super expérience dans ce drôle de petit paradis.

Black crows : Peux-tu nous décrire tes impressions sur l’endroit et la petite station de Loup loup Ski Bowl ?

Scott : En hiver, la vallée de Methow est spectaculaire. Dans la station de Loup Loup, on ressent fortement la communauté d’une petite ville, celle des petites bourgades qui jalonnent le fond de la vallée. Et si le ski est assez rudimentaire, il y a cette atmosphère des petites stations qui est de plus en plus menacée par notre société de masse. Et elle donne accès à de magnifiques hors-pistes qui dévalent sur de généreuses distances entre les arbres brûlés parfaitement espacés. Au-delà de la station, les possibilités sont infinies, depuis la poudre hippy aux abords de la maison de Bird jusqu’aux tours de granite qui auraient toute leur place dans les Dolomites.

Scott Rinckenberger

Black crows : tu avais déjà vu des stations de la sorte ?

Scott : Oui, j’ai eu la chance de visiter d’autres petites stations comme Loup Loup et, à chaque fois, je me retrouve à m’amuser autant, voir plus que dans des domaines tentaculaires de classe mondiale sur lesquels sont braqués les projecteurs. Parfois, le meilleur du ski en station se compose de descentes tranquilles, de frites épicées et de bière bon marché avec des potes et des voisins.

Black crows : Est-ce que l’ampleur des incendies t’a impressionné ?

Scott : Ce fut vraiment incroyable de prendre conscience de la taille, de la portée et de l’impact de ces feux qui ont ravagé la Methow. Si l’on prend la vallée dans son ensemble, c’est un immense paysage qui s’étend du bassin aride de la rivière Columbia aux reliefs vertigineux des montagnes des North Cascade. Et il n’y a pas un seul pouce de terrain de ce large site qui n’a pas été affecté d’une manière ou d’une autre par les incendies de forêts de ces dix, vingt dernières années. Et le fait que la taille et la fréquence de ces feux ne font qu’augmenter est une perspective inquiétante.

Scott Rinckenberger
Michael Shaffer in the Methow Valley

Black crows : Est-ce que l’augmentation des températures est prise au sérieux dans cette région ?

Scott : Bien que n’ayant jamais passé une saison d’été dans la Methow, je me doute que les températures (et leurs progressions constantes), les conditions de vents et la pluviométrie (et sa carence en l’occurrence) sont l’un des sujets de prédilection la majeure partie de l’année.

Black crows : Est-ce que les locaux font le rapprochement entre ces feux et le changement du climat.

Scott : Comme dans la plupart des communautés de montagne, la Methow est composée d’un mélange de personnes allant des sympathisants de gauche et des amoureux des arbres à des fermiers conservateurs et farouchement indépendants, des éleveurs, des chasseurs et des bûcherons qui ont plus tendance à pencher vers la droite de l’échiquier. Mais en dépit de la fracture entre ces deux pôles, on sent que tout le monde s’est serré les coudes pour sauver des flammes les maisons, les business et autres lieux d’importances. Mais aussi qu’ils se sont rendu compte des conséquences de ces longues saisons arides et de l’urgence de la situation. Je pense que la plupart des locaux reconnaissent qu’il y a une racine commune à ce problème.

l’article  dans Powder magazine
photographe: Scott Rinckenberger
journaliste: Kade Krichko

 

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