Interview Andreas Portenschlager, co-organisateur de Back On Track

Nous ne sommes pas du tout jaloux que des Autrichiens aient été en mesure de créer l’évènement dont nous avons tous rêvés depuis des lustres, d’ailleurs voyez, on s’y intéresse avec cette interview d’Andreas, l’un des quatre pirates aux manettes de Back On Track. Et si la dernière édition a été remporté par Franz-Josef Meyer sur des nocta dans la catégorie ski homme, c’est une concordance des temps, un pur hasard.

Dominik Hadwiger
Andreas Portenschlager, co-organisateur de Back On Track

black crows : Quelle était l’idée de départ ?

Andreas : En gros, toute l’équipe concourait dans des compétitions de freeride et l’aspect communautaire nous manquait. Donc l’idée initiale de Back On Track a été de créer un événement où les riders ne se contentaient pas de se rencontrer mais pouvaient se retrouver pour tout un week-end. Puis nous avons décidé que ce soit ouvert à tout le monde afin que chacun puisse participer. On a ajouté à cela le concept d’accès en randonnée et du refuge de haute montagne pour intensifier l’expérience. Ajoutons à cela le magnifique glacier de Silvreta et nous avions le parfait terrain de jeu dans notre jardin. Il ne nous restait alors qu’à réserver le refuge de Saarbrücker et tout était paré.

black crows : comment a évolué l’évènement depuis sa création ?

Andreas : Au départ, il y avait surtout nous et une bande d’amis là-haut. Donc la première année, on était environ 15 et cela convenait parfaitement pour mettre à l’épreuve le concept. Puis le bouche à oreille s’est mis à fonctionner, ce qui a attiré environ 25 riders la seconde année et depuis la troisième édition, nous affichons toujours complets. Cette année, une bonne couverture médiatique et un réseau communautaire en plein essor nous ont permis d’afficher complet en deux minutes chrono, ce qui est complètement fou.

black crows : peux-tu nous décrire les personnes qui sont à la source de Back On Track ?

Andreas : Tout a commencé avec Bernhard, Raphael et Samuel, trois amis de la région de Montafon qui ont passé beaucoup de temps à rider et à concourir ensemble. Ils ont été la force motrice pour monter ce projet qui impliquait beaucoup d’échanges avec les représentants de l’Etat, les locaux, les compagnies d’assurance, les guides, les secours et ainsi de suite. Ils ont abattu un travail terrible en plus d’aller le plus souvent possible en montagne. Et leur opiniâtreté a bien évidemment fini par payer. L’an passé, quand Samuel a pris le chemin de la paternité et a commencé à construire sa maison, il a décidé de faire une pause pour la saison et c’est là que je suis monté à bord. Je les avais rencontré quand je m’occupais de la tournée promotionnelle du film STEPS en Autriche – dont je vous recommande fortement le visionnage. Et comme je partage le même esprit, il ne m’a pas fallu longtemps pour les convaincre de m’engager.

Marc Obrist

black crows : Pourquoi toujours le même spot ?

Andreas : Situé à plus de 2500 mètres avec le glacier de Litzner juste en face, le cadre du refuge de Saarbrücker est idéal. Et puis en ce qui concerne la logistique et le service du refuge, c’est exceptionnel. Et puis bien sûr il y a quelques belles faces alentours, bien qu’elle ne soient pas toutes éligibles pour un contest. Quoi qu’il en soit, nous avons trouvé la cinquième face pour la cinquième édition de Back On Track, donc on ne s’ennuie jamais là-haut.

black crows : Concernant le concept, les riders sont à la fois juges et partis, comment ça marche ?

Andreas : Au départ, il s’agissait d’un système classique, trois juges et les même critères de jugement que le Freeride World Tour. Mais pour cette cinquième édition, nous voulions créer la surprise avec quelque chose de nouveau qui reflète aussi l’esprit communautaire de cet événement. Alors on a
mis en place un système de notation par les riders avec des notes allant de 0 à 100. Cela nous a prit environ deux mois et beaucoup de discussions pour trouver la meilleure recette. Au final, voilà comment ça a marché : tous les skieurs étaient filmés du départ à l’arrivée, mais eux ne savaient rien, ils pensaient qu’il s’agissait du système de notation classique. Donc ce fut une grosse surprise doublé d’un certain scepticisme quand nous avons annoncé ça après le contest. Nous avons placé un écran et c’était parti pour une super soirée ; tout le monde encourageait les passages des uns et des autres, et puis ça criait et ça riait de concert. C’était complètement fou ! Ce fut un très beau succès avec des notes qui reflétaient vraiment la valeur des passages. Donc ce fut très gratifiant pour nous.

black crows : Comment analyses-tu l’évolution du contest depuis le départ ?

Andreas : Démarrer avec une équipe composée de vos meilleurs amis pour arriver à un événement qui affiche complet, n’est qu’un aspect. L’autre est que nous avons réussi à créer un évènement avec une communauté toujours plus grande qui reflète notre conception du freeride. Se retrouver en montagne avec ces gens animés de la même passion, sans restriction d’age ou de sexe (nous avons eu filles cette année, ce qui constitue notre record de participation féminine) et qui vont chercher leurs virages à la force des jambes.

Marc Obrist

black crows : quels sont les meilleurs souvenirs de ces cinq éditions ?

Andreas : Il y en a eu plusieurs mais deux sortent du lot. D’abord, le trophée créé par les vainqueurs de la catégorie ski. En 2015, Hanno et Fabio, deux frères qui avaient gagné deux précédentes éditions, sont arrivés avec un trophée où étaient gravés les noms des trois premières éditions. Donc à partir de là, chaque vainqueur se devait de revenir l’année suivante pour faire graver son nom sur le trophée. Et puis bien entendu, le trophée peut servir de chope pour partager des bières !
Le deuxième souvenir vient également d’une initiative de riders. Daniel, qui revient depuis chaque année, a apporté un paquet de Speck. Et ce qui a commencé par une blague est devenu une tradition, ce colis délicieux jambon récompense l’auteur de la chute la plus drôle. Ironiquement, il a réussi à le gagner lui-même la saison dernière en chutant juste avant la ligne d’arrivée.

black crows : cette dernière édition semble avoir été un succès sur toute la ligne avec du beau temps et de la bonne neige, mais n’y a-t-il pas eu de tracas sous la surface (chutes, orgies, odeurs nauséabondes…).

Andreas : Haha, en tout cas, on n’a pas eu vent d’orgies. Et puis comme nous, organisateurs, avons le privilège d’avoir des chambres séparés, inconvenance de ronfleurs ou d’odeurs ne nous a pas atteint.
Plus sérieusement, nous avons malheureusement connus notre première grave chute cette année. Une rideuse a chuté dans la dernière partie de la face et a été victime de plusieurs blessures sur le haut du corps. Mais notre équipe, avec deux guides et une équipe médicale sur place, elle a pu bénéficier de premiers soins d’urgence avant d’être transportée par hélicoptère. Aujourd’hui, elle de retour sur ses pieds et en rééducation. Mais ça a vraiment été une grande frayeur pour tout le monde.

black crows : quelle suite pour cette saison ?

Andreas : Ce qui est certain, c’est que les choses vont changer. Le Club Alpin Allemand qui gère le refuge de Saarbrücker est à la recherche de nouveaux gardiens pour 2018. Donc on ne peut garantir que le prochain Back On Track se déroulera là-bas. Cela dit, nous avons d’autres options et peut-être que nous ajusterons un peu le format, mais ce qui est certain, c’est que ce sera toujours dans l’esprit communautaire : pour les riders par les riders !

www.bot-freeride.at
www.facebook.com/backontrack.bot
www.instagram.com/bot_freeride

 

Articles associés


#SheIsWild: skiing is what we need