Very Morocco Trip

Quatre crows sont partis en mode printemps pour un voyage très «Morroco». Keven Guri le vétéran de l’Atlas, Céleste Pomerantz la rookie de l’Afrique du Nord, et leurs compagnons Kajsa et Pierre nous partagent leurs conseils et leurs points de vue, entre surf et ski de rando. 

Ça fait plus de 10 ans que Pierre Guyot et Kevin Guri, tous deux originaires de la vallée des Belleville, se rendent au Maroc pour surfer. « Notre premier trip avec Kevin c’était en 2010, » raconte Pierre, « on venait de faire une saison à Hossegor et on était partis surfer en mode découverte. On avait loué une voiture et on regardait les spots potentiels sur Google Maps, puis on a rencontré des gens qui sont devenus des amis, des personnes qu’on aime bien retourner voir à chaque séjour. C‘est comme ça que ça marche au Maroc. » 

Si Pierre n’était jamais allé à l’intérieur des terres se frotter aux montagnes du massif de l’Atlas, Kevin avait déjà tenté l’expérience en VTT, et aussi en ski de rando, suite à une saison de convalescence il y a 5 ans. Il avait réussi à s’élancer du sommet du Toubkal, point culminant du massif à 4167m, et en gardait un souvenir mémorable. « On voulait retourner skier là-bas, montrer les belles montagnes, les 4000 de l’Atlas, et les beaux couloirs, » explique t-il sur la genèse de ce trip. Les deux amis embarquent alors deux crows avides de découverte, la canadienne Celeste Pomerantz et la suédoise Kajsa Larsson, et partent à l’aventure avec leurs skis de rando, leurs surfs et tout l’équipement qui va avec. 

C’était la première fois pour Céleste, directement débarquée du Canada. Kajsa était déjà venue pour un surf trip en novembre, et savait donc à quoi s’attendre dans l’eau, mais pas sur les skis. « Pour ce voyage, je ne savais pas trop quoi emporter car je n’étais jamais allée au Maroc ou en Afrique, » raconte Celeste. « J‘ai naïvement pensé qu’il ferait relativement doux et j’aurais pu prendre plus de vêtements chauds. Je savais que nous allions essayer de faire du ski, du surf et de la randonnée et je savais aussi que la quantité de bagages était limitée. J’ai donc entassé ma combinaison de surf, mes chaussures de trail, quelques premières couches, des couches intermédiaires et ma tenue de ski, ainsi que mon équipement de randonnée le plus léger. » 

L’idéal pour skier marocain, c’est d’attendre les conditions et d’aller à la rencontre des locaux. « Il faut suivre la météo et les réseaux sociaux, le mieux c’est de connaitre quelqu’un sur place qui peux te donner des infos, » conseille Kevin. « La sous couche est dure à prévoir, car c’est de la haute montagne dans le désert. » Mais les agendas des quatre membres de l’expéditions sont plus remplis qu’une rue de souk en soirée, et la fenêtre fixée n’est pas forcément la plus judicieuse (« il est tombé près d’un mètre le lendemain de notre retour, » regrette Pierre). 

La magie de l’Atlas 

« Le Maroc est magnifique, mais il pas du tout comme je l’avais imaginé. » raconte la canadienne Celeste Pomerantz, pour qui l’Afrique du Nord évoquait les déserts et la jungle (sic), mais qui n’avait pas vraiment envisagé qu’il y ait là des montagnes importantes. « Après avoir fait quelques recherches sur le pays, j’ai appris qu’il y avait des sommets de plus de 4 000 mètres et qu’on peut y trouver une expérience de ski vraiment unique si l’on est prêt à aller la chercher. » 


Les paysages désertiques mélangés aux hauts sommets et l’océan à seulement quelques heures de route en font un pays plein de diversité, non seulement au niveau des paysages, mais aussi des cultures. « Nous n’avons pas eu de chance de trouver beaucoup de neige skiable, même à 3000 mètres d’altitude, mais nous avons repéré des lignes que j’imagine incroyables avec juste un peu plus de neige, » raconte Kajsa. 

Ici on skie de plus de 4100m (le mont Toubkal culmine à 4167m et se skie depuis le sommet) à 1500m environ. Il faut prendre l’avion jusqu’à Marrakech et on arrive à moitié dans le désert, à 1h30 des montagnes. L’atterrissage face à cette énorme chaine de montagnes qu’est l’Atlas donne tout de suite le ton. 

Les meilleures fenêtres pour le ski sont souvent en février, le temps que la neige s’accumule un peu. S’il vient de neiger on peut avoir la chance de profiter de la poudreuse, « mais il faut qu’il y ait une base dessous, » avertit Kevin, « car c’est vraiment rocheux en altitude. » L’Atlas a un coté très alpin et minéral, mais en dessous de 2000m, à la limite des derniers villages, il y a beaucoup d’arbres, des arganiers, des cèdres. « Là-bas les arolles sont piquants, c’est un genre de maquis. » 

Le ski marocain, entre station et rando

« J’ai skié pour la première fois au Maroc et sur le Toubkal en 2017, je m’étais blessé au genou et c’était mon retour sur la neige, » raconte Kevin. « Mais depuis des touristes norvégiens se sont fait couper la tête dans le refuge du Toubkal, du coup l’accès est beaucoup plus réglementé, surtout si tu veux faire des photos. » Il est désormais interdit de monter tout seul dans la vallée, il faut payer un guide, et globalement ça rend les choses plus compliquées si on est une équipe de tournage, mais ça ne dérange pas vraiment pour le rider non professionnel.  

Selon l’ambition, on peut donc se diriger vers la « tour Eiffel » locale, ou partir vers d’autres horizons, comme l’ont fait les crows. « Il y a une vallée juste à côté qui est sauvage et superbe, il suffit de payer un paysan avec ses mules pour aller chercher du très bon ski. » Et même si Les mules ont un peu augmenté depuis les premiers pas de Kevin sur ces montagnes, il faut compter environ 200 dirhams (20€) avec le muletier à la journée. C’est quand même magique d’avoir un animal pour porter tout le matos, on peut en profiter pour admirer le paysage, c’est la remontée nature-bourrique. 


«Le bon plan c’est de marcher avec une mule jusqu’à un refuge et rayonner autour, » précise Kevin. Dans ce coin de l’Atlas, toutes les expéditions partent de Imlil, le petit Chamonix du Maroc. Ici les crows avaint choisi la vallée voisine de Tacheddirt, entre Oukaimeden et le Toubkal, plus sauvage.  


La station de ski principale s’appelle Oukaimeden, elle est située à 2600m d’altitude et il y a une très belle route qui y mène depuis Marrakech. « les jeunes font 2h de route à 2 sur la mobylette depuis Marrakech pour venir skier ici, c’est un autre monde que ce à quoi on est habitués chez nous, ils sont super enthousiastes » raconte Pierre. 

Oukaimeden était la principale station de l’Atlas, avec Michlifen plus au nord et plus près de Fès. Mais aujourd’hui les remontées sont fermées. Les loueurs et restaurateurs locaux poussent à une réouverture rapide, mais font face à des problèmes administratifs insondables avec les autorités locales.  

Il y a un télésiège 3 places qui va de 2600m à 3100m, le sommet de la station, et 4 téléskis, le tout à l’assaut d’une grosse colline entourée d’énormes montagnes. Le forfait coutait de l’ordre de 150 dirhams (15€), un tarif relativement modeste même pour les locaux, comparé à un tajine roboratif (30 dirhams en bord de route, 120 dans un bon restaurant).  

Les week-end, de nombreux urbains marocains assaillent la station, et se distinguent des paysans qui jalonnent toute la montée avec leurs tajines en bord de la route, ou qui louent du matériel de ski antédiluvien (avec les chaussures attachées dans les fixations). 

Les samedi et dimanche, tout Marrakech et Casablanca montent et c’est la cohue. Il y a des bouchons partout, et des techniques de ski qu’on ne voit pas ailleurs. 

« La station c’est bien pour voir le monde et la culture, mais les montagnes autour donnent vraiment envie, » raconte Kajsa. 

Pour Pierre, Oukaimeden reste un souvenir privilègié. « On a skié avec des locaux, partagé le plaisir de glisser. C’était ma journée préférée du trip, ils vivent le ski des années 90. La station c’est comme quand on était petits, j’ai adoré le bordel. La dernière fois le télésiège marchait mais personne ne respectait la queue, ils montaient à 5 sur un télésiège 2 places. Ils louent les skis avec les chaussures dans les fixations, le matos est tout pété et les gens s’en foutent, ils remontent à pieds et descendent comme ils peuvent. Ils arrivent en jean, ils veulent juste s’amuser. J’ai essayé de régler 2 ou 3 chaussures, quelques fixations, et d’expliquer quelques trucs aux gars. Ils se posent une question à la fois. Ce n’est qu’une fois en haut qu’ils se préoccupent de descendre, et ce n’est qu’en fois lancés à fond dans la pente qu’ils se préoccupent de s’arrêter. » 

Le surf et l’océan 

« Ce que je préfère dans ce pays, » enchaine Kevin, « c’est que tu pars des montagnes, hyper atypiques, et en 4h de voiture tu es à l’océan, les paysages changent du tout au tout. » 

Quand Pierre et Kevin découvraient le Maroc en mode surfer baroudeurs, Adil et son frère Amir les ont accueilli et leur on montré les spots. « À l’époque ils avaient un mini lodge avec 2 chambres, ils étaient à moitié pêcheurs, » raconte Pierre. « Maintenant ils s’en occupent à plein temps, il y a 10 chambres avec un restaurant en plus. Chaque fois qu’on va au maroc on s’arrête faire coucou et refiler du matos. Ce qui est marrant c’est que Adil n’a jamais vu la neige. » 

Avec l’expérience, sur ce trip, Kevin savait exactement où aller, en fonction de la houle et du type de vagues recherchées. Les 4 crows suivent donc le guide, et prennent les vagues comme des canards derrière leur maman Kevin. 

Le moment préféré de Kajsa, c’était de s’asseoir sur la plage avec Celeste le lendemain de leur départ des montagnes. « Nous sommes passées de nuits glaciales à -10°C au bronzage sur le sable en lisant un livre après une petite session de surf, en mangeant des mangues fraîches et en buvant du thé à la menthe offert par les locaux. » Le genre de contraste absolu qui rend le ski au Maroc vraiment spécial. 

Celeste adore le surf, mais elle n’arrive à surfer peut-être deux ou trois fois par an, ce qui lui fait faire « un pas en avant puis un pas en arrière à chaque fois ». Un jour les vagues étaient un peu plus grosses que ce qu’elle a l’habitude de prendre, et on l‘avait avertie de ne pas se laisser coincer près d’un petit amas de rochers sur la plage. « Évidemment, je me suis retrouvée coincée tout près des rochers les vagues déferlaient sans relâche. J’étais donc en train de me faire frapper par les vagues et Kevin est sorti de nulle part et m’a sauvé… mon héros! » 

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