Mangeurs d’espaces : le littoral en danger

L’infatigable arpenteur d’espaces vierges, Maxence Gallot, pousse un cri d’alarme sur la frénésie immobilière qui menace les côtes du monde entier. Accompagné de superbes photos argentiques glanées au fil de ses voyages dédiés au surf, il nous interpelle sur ces trésors de la terre que nous pourrions perdre à jamais.

Maxence Gallot

Le quotidien ne cesse de nous alarmer d’un lendemain inquiétant pour la planète. Imperturbable, le tourisme continue de brandir son étendard économique et les investisseurs immobiliers de gagner du terrain avec des constructions débordant sur les littoraux. Le temps presse pour sauvegarder les côtes, leurs vagues, leur faune, leur flore… et l’égalité des hommes au seuil de la mer.

Maxence Gallot

Au cours du mois de mai, la loi littoral française est passée à deux doigts d’être assouplie et réformée. Votée à l’unanimité en 1986, elle concerne la protection, l’aménagement et la mise en valeur du littoral. Elle évite ainsi de densifier les projets d’habitats abusifs non respectueux des zones côtières. Cette loi définit 4 objectifs :

-Préserver les espaces rares, sensibles et maintenir les équilibres écologiques.
-Gérer de façon économe la consommation d’espace due à l’urbanisation et aux aménagements touristiques.
-Ouvrir plus largement le rivage au public.
-Accueillir en priorité sur le littoral des activités dont le développement est lié à la mer.

Maxence Gallot

La France, qui occupe la 23ème place du classement mondial de la corruption d’après le classement 2018 de l’ONG Transparency International, est trop vulnérable aux affaires de gros sous pour qu’on imagine une brèche dans cette loi littoral. Heureusement, notamment grâce à une levée de boucliers citoyens, la loi n’a pas été amendée. Mais cette affaire doit nous alerter sur la nécessité de nous prémunir du rouleau compresseur signé grand tourisme. Partout autour du monde, les côtes sont menacées par une urbanisation sauvage. Partout on aseptise et redessine les rivages pour attirer des touristes-consommateurs de vacances compactes et aseptisées.

Maxence Gallot

Les littoraux aiguisent l’appétit des investisseurs immobiliers, entraînant dans leur sillage des décisions politiques aveuglées par le sacro-saint développement économique de courte vue. Dans des pays comme le Maroc, l’Indonésie ou le Chili, les chantiers modifient la côte, le récif est dénaturé et la vague se transforme. Les poissons prennent le large et les pêcheurs reviennent à vide. La pression immobilière contraint les paysans à céder leurs terres, chassant les activités traditionnelles au profit d’activités liées au tourisme. La jeunesse locale se voit privée de son terrain de jeu, de ses vagues et de ses rêves. Doucement, la culture surf se dégrade. Consumé par le luxe, le patrimoine naturel se transforme, l’espace se réduit et, bien que subsistent encore quelques paradis vierges, le tourisme s’amplifie et la destruction s’accentue.

Maxence Gallot

Pourtant des solutions existent, à commencer par la façon dont on voyage. C’est à chacun de ne pas contribuer à cette fuite en avant. Si l’on souhaite préserver les terres que l’on découvre et les vagues qui nous font rêver, il faut savoir renoncer à quelques caprices et préférer l’écotourisme à des vacances en boîte dorée. Il y a tant à apprendre au contact des habitants, tant de partages et de souvenirs à rapporter. Chacun peut aussi préférer les auberges de village, acheter ses légumes chez les producteurs du coin, manger dans le boui-boui local et finalement découvrir le vrai visage de l’endroit visité.

Maxence Gallot

Pourquoi tant d’artifices seraient nécessaires à notre épanouissement ? N’y a t’il pas une beauté authentique à regarder le paysage tel qu’il est ?

Maxence Gallot

 

Maxence Gallot

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