32T E 0334 115 N 5077 665

L’hiver, Maxence Gallot réside à La Plagne, dans la vallée de la Tarentaise. Depuis sa fenêtre, il peut voir le plus haut sommet d’Europe occidentale sur son versant sud-ouest. Une vision qui met en évidence la masse et l’altitude de ce géant trônant au-dessus d’une mer de nabots de 3500 mètres. Ce spectacle quotidien est devenue une source d’inspiration pour Maxence, en voilà une partie, en texte et en images.

Maxence Gallot

Je photographie le Mont Blanc tous les jour. C’est devenu une habitude, un moment unique. C’est la première chose que je fais en me levant le matin. C’est la dernière vision que j’ai tous les soirs avant que l’obscurité n’occulte sa beauté. Voir la plus haute montagne d’Europe depuis chez soi intrigue, inspire et interroge.

Maxence Gallot

J’ai le nez collé à la fenêtre dès l’aube. J’attends que les couleurs de l’Est lui chatouillent les oreilles. J’en prends plein la vue. Les lumières qui l’éclairent sont sans pareilles. Je suis comme aspiré par la prestance et le charisme qu’il dégage. Il se dresse là devant moi et inspire mon quotidien. Tous les jours, il me donne envie d’aller voir un peu plus haut. Dès que le temps le permet, je mets les peaux après le boulot et file admirer le spectacle. J’aime prendre de la hauteur. J’aime cette sensation de liberté. Pour un instant, j’ai l’impression d’être seul au monde.

Maxence Gallot

Le Mont Blanc a toujours été une source d’inspiration. Il guide mes pas en montagne. Où que je sois, je le cherche du regard pour m’orienter, conserver mes repères, sans doute pour rêver aussi… Depuis tout jeune, il fait partie des sommets qui éveillent mon imagination et attisent ma curiosité. À force de grimper sur les petits frères qui l’entourent, je me dis qu’un jour, j’aurais aussi le privilège d’atteindre sa partie sommitale comme tant de mes congénères.

Maxence Gallot

Puis souvent, je m’interroge. Le Mont Blanc se transforme jour après jour en un parc d’attraction à sensations. Quand l’exploit devient roi…. des réseaux sociaux. Le gravir s’assimile de plus en plus à un besoin de se valoriser, de cocher la case d’une liste des choses à faire et à voir absolument avant qu’elles ne disparaissent, avant de partager instantanément pour glorifier son image. Mais à force de vouloir tout atteindre, tout conquérir, tout exploiter, on épuise les ressources de la vie sur terre. Refuser la conquête, c’est aussi préserver l’environnement et diminuer l’accidentologie en alpinisme.

Maxence Gallot

Le Mont Blanc est victime de son succès. Les voies qui mènent au toit de l’Europe sont devenues des “autoroutes” orchestrées par des agences qui proposent cette course comme on vendrait un ticket pour DisneyLand et ne font qu’accentuer son exploitation commerciale. Communiquer sur ce sommet comme une expédition “facile”, c’est dévaloriser le métier de guide, augmenter le nombre de candidats à son ascension et renforcer le sentiment que la haute montagne est accessible au grand public.

Maxence Gallot

Être passionné de montagne, à mon sens, c’est aussi prendre du recul, faire preuve d’humilité, laisser respirer les sommets qui en ont tant besoin… Partout, l’homme cherche à̀ laisser une trace avant de s’en vanter. Je trouve que la photographie permet de prendre de la distance. Savoir apprécieŕ les choses telles qu’elles sont au moment où tu les observes et témoigner de l’évolution de notre espace. Au fil des saisons, au fil des annéeś, je continuerai chaque jour à m’émerveiller face à̀ ce géant que je n’ai jamais gravi.

Maxence Gallot

Si l’avenir de notre planète en dépend, si la nature exige qu’on laisse plus de tranquillité à̀ ces sommets mythiques, il faudra l’accepter par amour de la montagne. J’aime l’idée que certains sommets restent inviolés. Glisser ses spatules dans des contrées peu fréquentées et observer à distance est tout aussi passionnant. C’est peut être une vision plus simple de la glisse. Mais ce qui ne changera jamais où que je skie, c’est la dimension spirituelle de la montée. Avant de partir droit dans la pente, bouffer de la neige en pleine face, faire des grands nuages à chaque virage et hurler de bonheur comme un gosse. J’espère connaître cette exaltation des sens le plus longtemps possible.

Articles associés


Bleu Blanc Noir, enfermé


24 heures, le temps d’un rêve