Le souffle du bison

Michael “Bird” Shaffer, accompagné d’une bande de crows sauvages, s’est aventuré dans les territoires sacrés de l’ouest américain, dans une nature préservée de la folie des hommes.

Quand la porte s’ouvre et que le cœur dit oui, plongez dans l’inconnu, là où le rêve peut devenir réalité.

J’étais parti pour une mission spéciale dans le Wyoming où je devais retrouver l’escadrille de Jackson Hole, quand, venu de nul part, j’ai reçu un message de Tristan. Lâché par ses partenaires, il cherchait du monde pour skier aux alentours de Cook City. On récupéra Brian sur la trajet et on se mit en route, mes plans d’origine s’estompant dans le lointain.

Cooke City, c’était où ce bled ? J’aurais été incapable de le situer avec précision, et pourtant, j’avais la vague impression d’avoir entendu ce nom associé à une aventure de début de saison.

Bordant la frontière de l’immense parc national de Yellowstone, Cook City, 120 habitants, se niche dans le pays des cowboys du Montana et a d’abord été une ville minière.

En arrivant de la côte ouest de l’Etat de Washington où la neige colle et le manteau est rapidement stable, je n’étais pas très à l’aise à l’idée de m’engouffrer dans des montagnes continentales avec des dragons tapis sous la surface. Cependant, j’étais rassuré car nous devions retrouvé sur place un autre crow, Beau Fredlund, et sa compagne KT Miller, qui avaient exploré ces montagnes pendant plusieurs saisons.

On entra par l’accès nord du parc, ce qui nous permit de prendre un bain revigorant dans les sources d’eau chaudes qui bordent la route. Humides et ravis, on poussa à travers la nuit jusqu’au bout de la route pour arriver dans cette bourgade de cowboys avec des murs de neige dépassant largement le toit de la voiture.

On rencontra Beau au bar. Il était posé, arborant un sourire désarmant. Son regard s’illumina quand il nous expliqua à quel point les conditions avaient été magnifique. “La neige est excellente et j’ai une petite idée de notre destination. Alors prévoyez assez d’eau et de nourriture parce qu’on est parti pour une journée d’exploration dans le coin.”

Le lendemain matin, un grand ciel bleu dévoila de magnifiques montagnes chargées de neige qui faisaient paraître la ville minuscule. Celle-ci semblait par ailleurs totalement dédiées aux moto-neiges.

Après quelques minutes de route, nous étions sur les skis en train de remonter la pente. C’est alors que, n’en croyant pas mes yeux, j’aperçu plusieurs bisons en contrebas près d’un ruisseau. “Bonjour les bisons,” dis-je tout haut, comme s’il s’agissait d’une rencontre tout à fait banale.

Quiétude. Espace de rêverie. Arbres statufiés, figés dans le charbon, témoins d’anciens feux. Seuls le frottement de nos peaux de phoques sur la neige rompait le silence. Et nous grimpions, toujours plus haut, vers un territoire puissant où le temps semblait suspendu. Plongé dans cet instant magique, nous vîmes la trace d’une chèvre des montagnes grimpant à travers un couloir qui divise les roches ancestrales. L’énergie primitive de ce lieu était magique. Un oiseau tournoya dans les airs, déployant la liberté. Nous étions en un lieu sacré.

Après avoir skié une ligne, j’aurais pu regagner le refuge et rester là, le regard vide, me remémorant les virages de poudre que nous venions de vivre. Mais non, Beau avait bien plus à partager. Sans avoir besoin d’expliquer, pendant deux jours, il nous guida à travers des pentes qui semblaient sortir d’un conte de fée. Il y avait d’immenses parois plâtrées de blanc et des tours avec des grottes de glace. On de se regardait en secouant la tête, les mots étaient vains. Il n’y avait plus qu’un ravissement absolu.

Beau savait combien nous pouvions accumuler. La dernière descente fut une cerise sur un gâteau de neige. On traversa la vallée pour rejoindre une crête aérienne, puis on plongea pour une ultime descente à l’orée du crépuscule. Cette fois, l’étroit couloir possédait des sauts, des coussins de neige et des formes insensées tout droit sorties d’un livre de Moebius.

Deux jours de ski avaient suffit à graver nos esprits. Le moment était parfait et nous avons skié de la poudre dans un endroit hors du temps, mais c’est surtout l’esprit bienveillant et enthousiaste de notre guide qui résonne en moi.

Cela m’incite à chercher d’autres lieux et à les partager avec d’autres guerriers des montagnes.

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