En Captis dans les Trains Suisses

Pour le crow suisse Remco Kayser, le train est le moyen le plus évident de rejoindre la neige. Et pour faire découvrir ses spots préférés au prodige finlandais Anttu Oikkonen, Remco l’a naturellement emmené dans un voyage ferroviaire qui va des rives du lac Leman aux vallées les plus profondes, en terminant à Laax, le pays du snowboard, où ils ont insufflé leur magie du ski avec leurs tout nouveaux Captis.

En chiffres

12 jours de trip, 7 stations, 26 heures dans les transports en commun (trains et car postaux).

Team

Remco Kayser (ski), Anttu Oikkonen (ski), Nick Meilleur (réalisateur) et Corey Grant (caméraman).

Trajet

Leysin (1 jour), Les Crosets (1 jour), Les Marecottes (1 jour), Ovronnaz (1 jour), Crans-Montana (3 jours), Lauchernalp (1 jour), puis Glacier Express pour aller dans les Grisons et skier 3 jours à Laax.

Matos

6 paires de skis dans 4 housses. 2 sacs de matos vidéo (drones, caméras, etc.). 4 duffles de matériel de ski (chaussures, casques, fringues).

Post park style 

Anttu Oikkonen et Remco Kayserne se connaissaient pas avant, mais partageaient déjà un style de ski très similaire. « On faisait du street, du backcountry, on aime bien faire du freeride gentiment. Pour moi chez blackcrows Anttu c’était un choix évident, on a la même vibe, » dit Remco. « Quand tu planifies un trip tu ne sais pas comment ça va se passer. Coup de bol, ça a cliqué tant au niveau du ski que de ce qu’on recherche, et on a fini tous les 2 en club pendant 3 jours. » It’s a match, comme on dit sur les sites de rencontres.  

Les deux skieurs sont à l’avant garde d’une école du ski « post park » : après avoir fait beaucoup de snowpark, de slopestyle, ils continuent à pratiquer un ski freestyle mais qui s’affranchit de l’espace restreint qui est généralement alloué au ludique dans les stations. « Pas besoin d’un park pour s’amuser, on peut trouver des sidehits partout, » explique Remco, « et pareil pour les skis, les planches ultra exclusives sont dépassées, on aime avoir des directionnels avec une inspiration freestyle, qui permettent de faire avant tout du bon ski ». 

Le train pour s’évader 

Si pour un suisse les transports en commun peuvent sembler évidents pour aller skier (même si ça reste assez cher), ce n’est pas forcément la même pour des américains, loin de là même. Mais avec des « swiss pass » 2 semaines proposés par Suisse Tourisme pour les 3  complices internationaux, la chose prenait un tour beaucoup plus attrayant. L’idée avait très vite germé en parlant avec Flo Bastien (athlète manager blackcrows), qu’il serait intéressant de montrer une certaine pratique, dans un esprit pédagogique. Car si on peut faire du bon ski en train avec autant de bagages et les contraintes d’un tournage, n’importe qui peut se sentir inspiré.  

« J’avoue que pour ce trip c’était bien que je sois là, car j’avais l’habitude des correspondances et des horaires, » raconte Remco. « Parfois c’était intense, on avait des accords avec certains hotels alors on finissait la journée de ski et on prenait directement le train pour la station d’après, ce qui explique que notre trajet présente quelques zigzags. Mais clairement en voiture ça aurait été plus fatiguant, après une journée de ski intense tu as envie de fermer les yeux ! » 

Avec 2 américains et un Finlandais, les rencontres sont encore plus spontanées dans les trains. Des skieurs et des non skieurs leur demandent ce qu’ils font, et sont généralement enthousiasmés par le projet. « Au tout début du trip on s’est fait contrôler et les passes 15 jours des étrangers ne commençaient que le lendemain. La contrôleuse n’a rien voulu savoir mais le wagon entier était derrière nous et commentait. Au final on a payé le trajet mais pas d’amende, et je crois qu’elle a regretté après coup, » raconte Remco. 

Le Glacier Express a été un points culminants du trip, au sens propre comme au figuré. Ce train iconique est plus qu’un moyen de transport, avec ses repas en 3 services, ses wagons vitrés panoramiques et un trajet qui pour le skieur ressemble au chemin du paradis. On imagine facilement ces 4 skibums extasiés qui filment tout, entourés de personnes qui peuvent se payer ce genre de billet, comme un hiatus enchanté. 

Des stations suisses faciles d’accès 

Les 7 étapes visitées sont toutes des stations que Remco connait bien, et la plupart des spots filmés sont un mélange d’exploration avec Anttu, et de connaissance du terrain par le local : « on se baladait et on regardait ce qu’on pourrait faire. » Les 2 riders savent lire le terrain, et écouter ses mouvements les plus intimes, pour trouver les trajectoires qui détonnent. Comme ce long jump de rocher aux Marécottes, le mini pipe ridé en freestyle synchronisé à Crans Montana, ou le gap sur lequel Remco déploie un rodéo 7 en sidehit sur le park des Crosets.  

À Leysin, l’équipe remonte un secteur fermé pendant une grosses demi-heure pour aller chercher une belle wind lip sur laquelle ils s’imaginent déjà leurs futurs tricks. Sculptée par le vent après les chutes récentes, elle fait 200m de long, son esthétique est parfaite. 5 minutes avant d’arriver, une dameuse les dépasse, le conducteur les salue, « eh salut! »… et va détruire la lip juste avant qu’ils n’aient eu le temps de s’élancer.  

Les destinations sont inégales dans leur facilité d’accès, mais Crans Montana est sans doute une des plus faciles depuis la plaine, avec un funiculaire qui part directement derrière la gare de Sierre et atteint le front de neige en 12 minutes. Imbattable. Certains trains de montagne sont assez lents, pour les Crosets par exemple, ou comme à Leysin même si le train arrive à 2 minutes du front de neige. Laax impose de prendre le car postal depuis Choire, « mais ça marche au top » d’après Remco. 

Le plus compliqué? « c’est peut être Ovronnaz, tu dois changer à Martigny puis descendre dans la petite gare de Riddes pour prendre un car postal. » Ça passe. 

Laax marque la fin du trip pour l’équipe. Nick Meilleur et Corey Grant rentrent aux US, pendant que Remco et Antti vont faire la fête à Genève trois soirs de suite, pour sceller une rencontre qui les a vu se trouver, sur les skis comme en club. À Genève Antti avoue « ça m’avait manqué la ville », lui qui passe l’hiver à vagabonder de station de ski en station de ski.  

Les 2  riders se séparent, réunis désormais par ce qu’un trip de quelques jours peut apporter à des skieurs, un lien fort et unique. 

En roue libre vers le futur 

Pour le street, Remco trouve les limites des transports en commun, et lui qui n’a pas de voiture partage 1/5ème de van avec ses potes du Buldoz Crew, qui lui sert pour aller chercher des meubles ou pour rider si pas d’autre possibilité. « en street c’est cool si tu as un winch, plein de pelles, et une voiture pour te balader et trouver les spots, et quand on part en trip on peut même dormir dedans. » 

Ceci dit, partir en train ouvre tant de possibilités. « Même quand ça capote, tu trouves toujours un moyen de rendre les choses intéressantes ou amusantes, comme quand j’étais allé en train à Riksgransen et que suite à un retard j’ai passé 2 jours à faire la fête à Hambourg sur le chemin. » Pour Remco, le train c’est avant tout un moyen de rester ouvert aux surprises et aux rencontres. « Si je dois skier quelque part en Europe, je le ferai en train » dit Remco, « j’ai particulièrement envie d’aller voir ce que ça donne dans les pays de l’est. » 

À suivre, réservez vos billets. 

 

 

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