Björn Heregger, Interview

Rencontre avec Björn Heregger à propos du film Spurtreu, “ligne fidèle”. Ex compétiteur de freeride devenu guide, il a chaussé ses freebird vert bouteille pour accompagner Stefan Häusl et Hanno Mackowitz dans la réalisation de ce court métrage original.

Black Crows: Comment s’est forgé ta relation avec Stefan ?
Björn: Je l’ai rencontré il y a environ 10 ans sur notre domaine d’ Arlberg. Depuis, nous sommes devenus compagnons de ride et de cordée. Pendant quelques années, nous avons couru ensemble sur le Freeride World Tour, où Stefan continue à montrer l’étendu de son talent. Pour ma part, j’ai décidé de changer de direction afin de terminer mes examens de guide l’été dernier, mais nous avons tous les deux continué à beaucoup skier ensemble. C’est toujours aun vrai plaisir de skier et d’explorer de nouveaux endroits avec lui.

Black Crows: Comment l’idée de ce film vous est venu?
Björn: Nous en sommes à notre sixième film! Quand nous avons tourné DASEIN (https://www.youtube.com/watch?v=4bFEoPg0UBU) il y a quelques années, nous avons rencontré un beau succès sur internet et sur des festivals de films de montagne. Nous ne voulions pas faire quelque chose de similaire, mais toujours raconter une histoire à laquelle les non-skieurs pourraient s’identifier. Mais, au début, nous n’avons pas réussi à trouver la motivation et surtout le temps nécessaire. Stefan était très occupé avec le World Tour. Hanno Mackowitz notre cameraman, producteur et tellement plus, était bien occupé par les tournages. Quant à moi, je concentrais toute mon énergie dans mes examens de guide. Pour être honnête, nous étions tous les trois assez fatigués. Et puis, pourquoi faire un nouveau film de ski alors qu’il y a en a tellement – est-ce que cela vaut vraiment le coup ?
C’est dans cet état d’esprit que nous avons commencé à travailler sur SPURTREU, pas vraiment motivés et un peu fatigués. Mais cette humeur a changé au fil du temps et c’est en quelque sorte le message que l’on voulait faire passer avec ce film : sors de chez toi et fais quelque chose – tu seras toujours récompensé.

Black Crows: Est-ce que le film est à la hauteur de vos espérances ?
Björn: Le retour que nous avons reçu lors des projections dans divers festivals de films cet automne étaient positifs. Par ailleurs, même les gens qui ne sont pas familiers avec le monde du ski ont eu l’air de comprendre le message que nous voulions transmettre. Tout ça contribue à nous rendre très heureux du résultat.
D’un autre côté, il y a toujours des détails à améliorer. Planifier certains projets, les angles de caméra, le timing et tant d’autres choses – la réalisation d’un film est un travail et un apprentissage en constante amélioration.

Black Crows: C’est rare de voir un film si long et si contemplatif sur internet, c’est un peu romantique comme démarche…
Björn: Bien que nous sachions qu’un film de plus de cinq minutes ne serait pas beaucoup regardé, nous voulions quand même le rendre disponible gratuitement sur internet et permettre au plus grand nombre d’en profiter.
Le temps d’attention semble devenir de plus en plus court – ce qui est assez triste pour les gens qui continuent à croire qu’il y a plus à voir dans un film de ski, ou dans le ski en général qu’un déplacement de spot à spot dans le but de trouver la meilleur neige ou la ligne la plus dingue. Avec nos films, nous avons toujours voulu motiver les gens à sortir de chez eux et à profiter de ce sport magnifique.
En ce sens, quelqu’un peut sans doute ressentir une part de romantisme dans nos films.

Black Crows: Est-ce que certains moments particuliers du tournage te viennent à l’esprit?
Björn: Skier la face north du Kuchenspitze fut sans nul doute l’un des moments les plus intenses – pas seulement pour le film, mais aussi dans notre carrière de skieur. Cette aventure nous a pris deux ans, depuis l’idée de skier cette montagne située sur notre domaine de l’Arlberg, puis l’escalader, arriver au sommet, enclencher les fixations et partir dans une pente nord à 50°.
En avril 2016, nous avons effectué deux tentatives. Lors de la première, les conditions étaient très mauvaises et la bande de glace sur le haut de la ligne, qui est une partie essentielle, n’était vraiment pas en condition.
Nous avons attendu de nouvelles chutes de neige, skiant d’autres pentes raides alentours et, durant les derniers jours d’avril, les conditions sont devenues idéales : 20cm de neige fraîche de printemps et pas un souffle de vent. Cela a aussi contribué à rendre la montée épuisante car il a fallu brasser, mais le ski était un régal… !

Black Crows: Doit-on attendre un autre épisode?
Björn: Nous verrons – nous n’avons pas encore de plan – mais il y aura certainement quelque chose…

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