Poursuis tes rêves (Et fais-toi un latte chez Regnier)

Le skieur de Steamboat dans le Colorado nous parle de ce rêve, l’accomplissement d’un désir profond, vivre librement du ski. Tuck fait le point sur sa trajectoire dans le ski et sur l’infini des possibilités si on est prêt à y mettre énergie, patience et persévérance.

Voilà six ans que je vis mon rêve. Je ne peux en effet imaginer meilleure manière de traverser la vie que d’être entouré de ses amis dans l’un des plus beaux endroits du monde.

Tuck Graham

Mais cela n’a pas toujours été le cas. J’avais pris une décision lourde à l’âge de dix-huit ans, celle de ne pas accepter de bourse d’étude pour une quelconque université. Pour certains, c’était à mettre au compte de l’arrogance d’un gamin de 18 ans qui risquait de gâcher sa vie et, pendant des années, je n’ai cessé de me demander si j’avais fait le bon choix.

Après le lycée, j’ai passé trois ans à concourir sur les FWQ (Freeride World Qualifier) aux États-Unis et à me mesurer aux meilleurs skieurs du pays. J’ai fait quelques résultats. J’ai commencé à tisser des liens, à obtenir du matériel et à me faire connaître. À cette époque, je travaillais comme concierge de nuit dans la station. Je travaillais de 3 heures de l’après-midi aux premières heures du matin et cela me permettait de skier toute la journée. Ce n’était pas vraiment la vie à laquelle j’aspirais quand j’ai pris la décision de la consacrer au ski – entre le nettoyage des toilettes et du vomit, le ménage après de grosses fêtes étudiantes et les retours tard le soir – mais en un sens, c’était la vie dont je rêvais car je pouvais skier toute la journée tous les jours.

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Cela me donnait l’opportunité de toujours progresser. J’évoluais dans un environnement qui me permettait de m’entraîner et de travailler tout ce qui s’apparentait au ski, et cela pendant plus de 150 jours par an. Dans la queue du téléphérique à 7 heures, skiant jusqu’à 3 heures, construisant des sauts, randonnant dans l’arrière-pays ou sillonnant les pistes, tout cela pendant 3 ans. C’était génial. Je n’avais pas la tête enterrée dans un livre, révisant les partiels ou m’inquiétant de ma position sociale à l’école. Pourtant, j’ai commencé à me sentir un peu déprimé et à me dire que j’avais fait le mauvais choix.

Mes potes flirtaient avec des filles, allaient à des fêtes riches de rencontres et d’alcool et semblaient mener une vie pleine d’excitation et de nouveauté. Le tout avec comme objectif un diplôme qui leur permettrait d’obtenir un super boulot à la sortie de l’école. J’avais raté ça et j’ai commencé à envier leur vie. De mon côté, je n’avais pas bougé et que je rêvais toujours de devenir skieur professionnel. Je me suis alors mis à avoir des insomnies, me répétant que j’avais fait le mauvais choix et que je regrettais. Je devenais un peu fou à force de réfléchir au meilleur moyen de retrouver confiance en moi. Je ne voulais pas devenir un vagabond des neiges, je voulais mieux que ça. Je voulais être le meilleur.

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Cette période coïncidait aussi avec la montée en puissance des réseaux sociaux et si vous n’étiez pas du voyage, vous n’étiez pas cool. J’ai commencé à faire plus attention au contenu, à la qualité, à travailler avec des photographes locaux, à faire parler de moi dans la communauté, à mieux me vendre. J’ai contacté des marques et j’ai expliqué honnêtement ce que je voulais faire et pourquoi ce serait un atout pour elles. J’ai commencé à me sentir plus vivant, à redevenir normal. J’avais des idées que je menais à bien avec des gens sympas de mon entourage qui y croyaient et voulaient m’aider. Les choses se sont progressivement mises en place. J’étais de plus en plus connu dans l’industrie et j’ai fait des rencontres qui allaient tout changer. Et je dois remercier les réseaux sociaux car ils m’ont permis de prendre confiance dans ma créativité.

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Je me suis concentré sur la production de contenu. Il m’a suffi de télécharger une application gratuite avec 700 millions d’utilisateurs mensuels, sans avoir à investir dans les droits de participation, les hôtels et les dépenses pour une seule descente de compétition. J’ai pu toucher des personnes à travers le monde, skier les lignes que je voulais, construire les sauts que je voulais et me présenter de la manière dont je le voulais. Cela m’a ouvert les yeux et m’a donné l’énergie d’avoir des projets plus ambitieux et de dépasser la condition de skieur vagabond. Peut-être pouvais-je montrer aux jeunes que l’école n’était pas faite pour tout le monde, que ce n’était pas toujours le meilleur moyen d’être heureux et accompli. Mais plutôt de faire le nécessaire pour atteindre ses rêves.

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Nous vivons à une époque où on peut travailler avec son ordinateur n’importe où dans le monde. Qu’il s’agisse de poster des photos sur Instagram, écrire des codes ou donner des conseils à celles et ceux qui visitaient le site black-crows et dialoguaient avec moi. Cela m’a permis de consacrer plus de temps à mes rêves et moins à un boulot de 9 à 17.

Cela prend du temps, de la patience et de la confiance dans ses désirs, mais cela peut mener au-delà de vos espérances. Je n’aurais ainsi jamais imaginé me faire héberger par une de mes idoles, Julien Regnier, et boire le meilleur latte de ma vie dans sa maison. J’ai réussi à vivre mon rêve et je n’échangerais cela contre rien au monde.

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